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Publié par Jean-Pierre FORESTIER

Cellulite et microbiote ?
Microbiote intestinal et réserves de graisses

     

Le tissu adipeux de la cellulite contient-il des fragments, voire des bactéries entières vivantes, provenant du microbiote intestinal ? Ces fragments et/ou bactéries provoquent-elle cette inflammation et ces gonflements des cellules adipeuses caractéristiques de la cellulite ?

Certains prébiotiques et/ou des probiotiques seraient-ils efficaces contre la cellulite ?

Un vaccin contre la cellulite est-il envisageable?

  

 

Commençons par lire un passage de l’article de Rémy Burcelin de 2017 : La clé de voûte du métabolisme … paru dans le numéro spécial de Pour la science : Intestin. L’organe qui révolutionne la médecine.

« Comment les bactéries agissent-elles ? Nous avons mis en évidence que des fragments de la paroi de certaines bactéries, tels que des lipopolysaccharides et des peptidoglycanes, circulent en plus grande quantité dans le sang des diabétiques et des sujets ayant une alimentation riche en graisses. Nous retrouvons aussi ces fragments, voire des bactéries entières vivantes, dans les tissus des patients, notamment dans leurs réserves de graisses.
Or ces éléments déclenchent parfois une réaction inflammatoire, sans toutefois provoquer d'infection : ce sont bien des bactéries non pathogènes pour l'organisme, mais l'inflammation bloque l'action et la sécrétion de l'insuline, ce qui favorise le diabète. Les fragments bactériens stimulent aussi la prolifération de cellules souches adipocytaires, contribuant au développement du tissu graisseux [tissu adipeux] et de l'obésité. »

Lipopolysaccharides

Les lipopolysaccharides sont des lipides complexes auxquels sont attachés des polysaccharides (« lipo » pour lipide et pas comme constituant normal du tissus graisseux/adipeux !). Les lipopolysaccharides sont des constituants de la paroi bactérienne des bactéries à Gram négatif, comme par exemple les Staphylocoques. La succession de colorations et de décolorations inventée par Hans Gram est un moyen classique de distinguer les bactéries.

Les lipopolysaccharides ont de puissantes propriétés inflammatoires.

&

Maintenant intéressons-nous à la cellulite, et pour la décrire je vais m’inspirer de l’article de Sandrine Billaud paru dans Doctipharma, dont j’ai apprécié le style et la précision.

      « La nature a beau être prévoyante en plaçant des réserves de graisse sur les hanches, les fesses et les cuisses des femmes, non et non, la cellulite n’est pas franchement esthétique ! »

        Prévoyante, la nature, oui, car ces réserves de graisse auraient servi quand l’épouse du chasseur-cueilleur nomade devait allaiter un enfant, et longtemps, pendant deux ans et même plus. Madame Chasseur-cueilleur portait sa réserve d’énergie dans ses fesses et ses cuisses au lieu de la porter sur son dos dans un sac de peau de bête.   

Les réserves graisse ne s’épanouissent qu’à la puberté et

réciproquement les règles n’apparaissent que quand la fille a capitalisé suffisamment de graisse. Dans les quelques régions du monde soumises encore à la sous nutrition, les filles ont leurs règles tardivement, quand elles sont assez grasses ;

 

... réciproquement également, les règles de plus en plus précoces observées dans le monde où règne la sur-alimentation pourraient bien être liées au surpoids … précoce.

     Nous n’en sommes encore qu’aux jeunes femmes un peu dodues et aux réserves de graisses qui n’ont rien d’inesthétiques. (Voir L’étrange beauté de Barbie, sans cellulite, dans L’École de la Beauté ).

_

      Mais arrive « cette peau d’orange dont on se passerait bien, [qui] atteint 9 femmes sur 10 et pour peu qu’elle commence à s’installer, elle devient rapidement indélogeable ! »     

 

Cette granulosité en peau d’orange, devient celle du cottage cheese ou même marshmallowy si nous traversons l’Atlantique. Chacun ses références !

      « Bien sûr dans les personnes à risque ce sont les femmes qui sont plus touchées que les hommes puisque les œstrogènes et la prolactine (secrétée pendant la grossesse) contribueraient à la cellulite. … les ovaires qui secrètent les œstrogènes activent eux même une enzyme qui est responsable du stockage des graisses. Les œstrogènes favorisent également la rétention d’eau et de sel à l’intérieur des tissus c’est pour cette raison que la cellulite évolue en fonction des variations hormonales avec des périodes plus à risque : adolescence, grossesse, syndrome prémenstruel, prise d’une pilule contraceptive mal adaptée, pré ménopause, ménopause. » &

     Certes, mais jusqu’à là, il n’y a que des réserves de graisses tout à fait classiques, nous n'en sommes pas à la redoutable cellulite, qui « est le résultat d’une transformation et d’un changement de structure des tissus adipeux (réserves de gras) logés sous l’épiderme. »

Reprenons les trois types de cellulite décrits par Sandrine Billaud.

- La cellulite aqueuse qui résulte essentiellement d’une mauvaise circulation sanguine et d’une rétention d’eau qui gonfle les cellules. Cette rétention d’eau entraîne alors une accumulation des déchets et une inflammation des tissus sous adipeux. C’est une cellulite à peine visible et souple. On la retrouve sur le ventre, les bras, les cuisses, les hanches et les fesses.

- La cellulite graisseuse ou adipeuse est une cellulite molle qui est insensible aux pincements et qui est due à un excès de graisse combiné à un manque d’activité physique. En effet les graisses en excès gonflent les cellules adipeuses (adipocytes) jusqu’à leur faire prendre 50 fois leur taille de départ. Cela perturbe la circulation et provoque l’accumulation de toxines et de déchets et crée une inflammation locale. Certaines régions du corps sont plus concernées car plus riches en adipocytes : les hanches et la fameuse culotte de cheval. C’est la forme de cellulite la plus courante !

Cela ne doit pas être celle de Serena Williams, puisque cette championne de tennis ne manque pas d’exercice physique !

- La cellulite fibreuse ou cellulite indurée (installée) qui dépend de multiples facteurs dont un  dysfonctionnement des fibres de collagènes qui servent à maintenir les cellules sur la peau, les muscles et les tissus ce qui provoque une fibrose. C’est une cellulite qui est dure au toucher, de teinte violacée et très visible. Elle est douloureuse au pincement et à la palpation et elle peut être profonde et ancienne. Sa localisation préférentielle est au niveau des cuisses et c’est la cellulite la plus difficile à améliorer »

    L’auteure nous rappelle bien la distinction entre ces cellulites de types « esthétique » ( ! ) et les « cellulites infectieuses dues à des bactéries de type streptocoques ou staphylocoques qui passent sous la peau au travers d’une lésion et qui vont infecter le tissus adipeux. C’est alors une affection grave qui doit être traitée d’urgence par un médecin. »

     _Mais cette distinction est-elle aussi stricte ?

    Revenons au texte de Rémy Burcelin

Des fragments, voire des bactéries entières vivantes, peuvent se retrouver dans les tissus adipeux.

       Ces fragments, notamment des lipopolysaccharides et des peptidoglycanes, se retrouveraient dans le tissu adipeux de la cellulite sans qu’il y ait de lésion, mais venant de l’intestin.  

Sont-ils véhiculés par des chylomicrons ? Ces petites gouttelettes de graisses/huiles stabilisées à leurs surfaces par des lipoprotéines et qui servent à véhiculer ces graisses/huiles de notre alimentation jusqu’aux tissus adipeux)

Il y a-t-il un continum entre les deux cellulites, celle « esthétique » et celle infectieuse ? La cellulite « esthétique » étant peu infectieuse et l’autre beaucoup ?

     Continuons sur cette hypothèse :

« Ces éléments déclenchent parfois une réaction inflammatoire, sans toutefois provoquer d'infection » Nous sommes exactement dans la description de toutes les cellulites, dès la cellulite aqueuse.

Remarque importante : Si la cellulite s’installe, c’est que ces fragments se retrouvent dans le tissu graisseux cellulitique de manière chronique. Si ce n’était qu’accidentel, le système immunitaire rétablirait l’homéostasie ; le tissu redeviendrait « normal », sans cellulite.

   

  Continuons.

« Les fragments bactériens stimulent aussi la prolifération de cellules souches adipocytaires, contribuant au développement du tissu graisseux ». C’est exactement la cellulite graisseuse pour laquelle les adipocytes vont jusqu’à prendre 50 fois leur taille de départ.

     Commentaires :

L’inflammation provoquée par les fragments bactériens provoque une inflammation qui génère des radicaux libres.

Les radicaux libre provoquent des liaisons croisées supplémentaires entre les fibres de collagène

Ces liaisons croisées rendent ces fibres plus rigides, et de plus en plus rigides si l’inflammation devient chronique. Encore plus rigides si s’ajoutent du stress, un excès de sucre (glycation des fibres) …

 Nous sommes  bien dans la cellulite fibreuse.

Sans arriver à cette extrémité, même avec un début de rigidification des fibres, la circulation sanguine et lymphatique se fait mal et les déchets commencent à s’accumuler dès le stade de la cellulite aqueuse

(les réponses ont été données dans l'article de 2020 :

Cellulite : chouchouter, choyer, bichonner son microbiote)

 

La cellulite serait-elle une maladie métabolite ? Due à un déséquilibre du microbiote, comme cela a été montré pour les surpoids et l’obésité.

     Un indice supplémentaire d’un lien entre cellulite et intestin : la cellulite est souvent associée à une constipation.

La cellulite est-elle une obésité localisée?

Pourquoi ce tissu adipeux plus qu’un autre serait-il infecté par des microbes de la flore intestinale ? Comme ce tissu se développe au moment de la puberté, qui est un moment de grand bouleversement hormonal, le système immunitaire serait-il moins vigilant ?

Les tissus adipeux de la cellulite contiennent-ils des fragments bactériens issus de l'intestin, voire de bactéries entières ? Si oui, lesquels.

 

Ce qui est recueilli lors de liposuccion permettrait-il de le savoir ? (Nous pourrons réfléchir à la valorisation de ce « résidu », une autre fois)

Une biopsie au trocart serait l’étape suivante, mais il faudra l’avis du Comité de Protection des personnes (ex Comité consultatif de protection des personnes dans la recherche biomédicale)       

      Il faudrait aussi faire l’inventaire de la flore cutanée, celle de la peau, celle du Chosmo epidermis de la cellulite sous-jacente. Le microbiote de la peau située au-dessus de la cellulite est-il caractéristique ? Nous renseignerait-il sur le système immunitaire du tissu cellulitique, sachant une inflammation récurrente est une des caractéristiques de la cellulite.

La « peau d’orange » est réputée plus froide que le reste de la peau, cette hypothermie favorise-t-elle une flore particulière ?  

Certains prébiotiques et/ou des probiotiques seraient-ils efficaces contre la cellulite ?

    

Il serait intéressant de connaître l'effet de la Metformine.

La Metformine, qui a fait l’objet d’une de mes précédentes publications, est un médicament du diabète.

Souvenez-vous de mon introduction dans laquelle je reprenais l’article de Rémy Burcelin :

« … ce sont bien des bactéries non pathogènes pour l'organisme, mais l'inflammation bloque l'action et la sécrétion de l'insuline, ce qui favorise le diabète. »

Si la Metformine est « utile » dans le traitement du diabète, serait-elle aussi « utile » dans le traitement des cellulites ?

Il ne serait pas surprenant que la Metformine modifie du microbiote intestinal. Que ce soit en faveur de bonnes bactéries serait une bonne chance.

 

En 1993, dans une lettre de Concepts et Chroniques en Cosmétologie, j’avais proposé un vaccin contre la cellulite. Finalement, cette idée n’était peut-être pas si farfelue que cela.

Un brevet japonais proposait en 2013 un Vaccin contre des lipopolysaccharides (WO 2013140919 A1). Il est destiné aux oiseaux, serait-il applicable aux humains ?

    Un vaccin pourrait être administré à la

- Fille à risque, notamment quand sa mère a de la cellulite,

- à la Femme au début de l’apparition de la cellulite, pour prévenir des récidives, après un accouchement, au moment de ménopause ……

Soleil

     Si le soleil faisait diminuer la cellulite, ça se saurait ! Ceci dit, les traitements contre la cellulite proposent par différents moyens, massages (souvent rubéfiants), ventouses, voire des radiofréquences qui toutes promettent de réchauffer le tissu cellulitique (exactement de 39 à 43°C pour les radiofréquences)

Alors pourquoi pas les Infrarouges du soleil !

        

Par ailleurs, et c’est certainement le plus important, d’après une étude britannique, les femmes bronzées apparaissent plus minces, plus sveltes. Très exactement, statistiquement, la perte (apparente) de poids est de 3,5 kilos.

Voilà un bon argument pour devenir une Celle-qui-veut-bronzer si, bien entendu, elle a la chance de faire partie de Celle-qui-peuvent-bronzer.

Voir Comment bronzer et au passage les, autres, bienfaits du soleil

 

Je ne pouvais pas finir cet article sans rendre hommage à la Cellulite de Claire Bretécher

 

 

 

 

Vers

La cellulite serait-elle une obésité localisée «  », provoquée par une inflammation « là », qui elle-même provenait d’une inflammation localisée dans l’intestin. Est-ce la même inflammation que celle des diabétiques et/ou des obèses ?

Il faudrait donc commencer par chouchouter, choyer, bichonner son microbiote. Par un régime alimentaire ; alors pourquoi pas envisager celui des diabétiques (type 2).

La Metformine, un médicament utilisé pour le traitement du diabète (type 2) pour  serait-elle une aide à ce bichonnage ? Sans oublier les exercices physiques en plein air. Et avoir de la patience.

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