École.09 : La Beauté de Jeunesse. Glabre
- Bonjour Professeur.
- Bonjour Axiothée,
- Il me semble, Professeur, que nous avons complètement exploré la jeunesse de Barbie, sauf sa chevelure, blonde.
- La chevelure, nous aurons d’autres occasions d’y revenir, je voudrais aujourd’hui que nous étudions ce que Barbie n’a pas.
- … ?
- Ce qu’elle n’a pas et qui évoque la Jeunesse. Soulève le bras de la poupée.
- Je ne vois rien.
- Justement, Axiothée ! Mais qu’aurait-elle dû y avoir à cet endroit si elle était adulte ?
- Des poils ! Ces poils n’apparaissent qu’à la puberté !
- Et leur absence devient un critère de la Beauté d’évocation de la Jeunesse.
Les éliminer n’avait pas de sens tant que camouflés sous les vêtements, ils restaient sagement invisibles des regards.
Quand les chemisiers et les robes perdirent leurs manches, ils durent s’effacer.
À la première de « Notting Hill » en 1999, les journalistes se gaussèrent de Julia Roberts en insinuant qu’elle « vivait une relation à longue distance avec son rasoir ».
- Et si je soulevais la jupe de Barbie, j’imagine que je ne trouverais aucune toison pubienne.
- Aucun Joli buisson, pour une reprendre la poésie de Shakespeare, si j’en crois un de ses traducteurs.
- Je vous accorde cette poésie, Professeur.
- L’épilation totale devient l’évocation ultime de la Jeunesse !
- Mais, Professeur, ce glabre, n’est-il pas une simple question d’esthétique ? La toison débordant de chaque côté du maillot de bain, même sur un petit centimètre, fait un peu négligé.
- L’Esthétique, Axiothée, est de tout temps la complice de la Beauté. Et l’une entraîne actuellement l’autre vers la disparition de tous ces poils.
- Actuellement ?
- Il fut un temps où il était de bon ton pour les dames non seulement d’être aussi fournie que la barbe d’un homme mais aussi d’y accrocher quelques rubans de couleur. Et ces fantaisies n’étaient pas qu’esthétique.
- Que voulez-vous dire, Professeur ? Est-ce encore un de vos mystères ?
- Il me semble que ces dames, qui devenaient savantes, par ces "barbes fleuries" affirmaient discrètement leur volonté d’émancipation.
- La mode du tout épilé serait-elle, selon vous, Professeur, une régression, une acceptation, voire une demande, de certaines femmes d’être considérées comme des enfants à protéger ?
- Ma réponse est hélas dans ta question, Axiothée.
- Cette fantaisie, Professeur, ne se retrouvent-elles pas dans la taille des jolis buissons taillés en ticket de métro ou en cœur ?
- La fantaisie, certainement, mais l’émancipation, je ne crois pas !
- Mais même les hommes s’y mettent, Professeur. Ils s’épilent !
- Nous pourrions y voir la résurgence d’une galanterie du XVIIIe siècle qui, si l’on en croit Edmond de Goncourt, exigeait qu’un prince, le jour de ses noces, n'entrât dans le lit de sa jeune épouse que le corps complètement épilé.
- … !
- Autres temps, autres mœurs. Les jambes aussi s’épilent. Mais il fut un temps où la mode exigeait que des poils soient bien visibles à travers les bas ; les dames que la nature n’avait doté d’aucune pilosité à cet endroit, passaient chez un coiffeur et répartissaient les morceaux de cheveux ainsi récolté entre leurs bas et leurs jambes ! C’était vers 1936, une période troublée de notre Histoire. Faut-il y voir une corrélation, je ne saurais l’affirmer. Mais, je m’éloigne. Pour en revenir au glabre et sa Beauté paradoxale.
- … ?
- Si, comme tu l’as judicieusement signalé, Axiothée, ces pilosités n’apparaissent qu’à la puberté mais, là est le paradoxe pour une Beauté évoquant la Jeunesse, et je l’avais évoqué dans la leçon sur le sourcil, quand la dame perd ses repères lunaires, son joli buisson devient, progressivement, une lande clairsemée et le dessous de ses bras par ses poils devient déserté.
- Je l’ignorais, Professeur,
- Tu es loin de ces tourments, Axiothée. Mais tous ces poils n’ont pas qu’une fonction esthétique, ou plutôt inesthétiques, comme critère de la Beauté de la Jeunesse, ils sont des diffuseurs d’odeurs, ce sera l’objet de la prochaine leçon
- Au revoir, Professeur.