Chosmo epidermis 01. L'hygiène excessive accusée ?
L’accusation de l’INSERM est claire : l’hygiène excessive serait responsable de la dermatite atopique.
Marc-André Selosse va plus loin en accusant la « douche savonnée » de diminuer la diversité du microbiote de Chosmo epidermis..
Quelle pourrait être la réponse des Cosmétologues ?
Deux pistes se présentent immédiatement :
- créer de nouveaux gels-douches qui préservent Chosmo epidermis.
- vérifier si les gels-douches actuels diminuent la diversité microbienne
Deux publications répondent déjà à cette demande de vérification :
Celle de Noah Fierer et al. montre qu’un lavage au savon ne modifie pas sensiblement le spectre du microbiote (de la paume de la main) et que celui-ci revient rapidement à son état initial (récurrence).
Les observations précises et complètes de Christopher Wallen-Russell sur l’effet de trois « gels-douches », deux « classiques » et un utilisant la saponine comme surfactif, vont beaucoup plus loin et dans un sens tout à fait surprenant :
Conclusion : Non seulement l’utilisation des trois « gels-douches » ne diminue ni la diversité ni la richesse du microbiote (de l’avant-bras) mais les augmente.
Les accusations contre le savon et le gel-douche levées, il faut donc chercher ailleurs les causes des allergies, de la dermatite atopique et autres défauts apportés par l’environnement au système immunitaire, par exemple le manque d’ensoleillement, des lieux de vie mal aérés et trop humides.
Ces, aussi inattendus qu’excellents, résultats montrent-ils la puissance de la formulation ?
L’homme augmenté… grâce aux microbiotes, cet article de Marc-André Selosse paru sous ce titre dans le Hors-série de Pour la Science de novembre 2019 pose de sérieuses interrogations aux cosmétologues.
Le sous-titre résume l’article :
Nous ne sommes jamais seuls avec les nombreux microbes que nous hébergeons. Une promiscuité vitale : leurs gènes prolongent et complètent les nôtres, assurant notre bonne santé.
Assurer une « bonne santé », c’est éviter de provoquer une ...mauvaise santé.
Concernant la peau, même s’il est prudent et interrogatif, Marc-André Selosse met clairement en cause l’hygiène excessive qui provoquerait
… une dermatite atopique (eczéma atopique) des enfants
… résultant d’une diminution de la diversité du microbiote cutané
… qui profiterait aux staphylocoques dorés
Pour appuyer son propos, Marc-André Selosse ajoute :
«Selon l’INSERM [l’Institut national de la santé et de la recherche médicale] en Europe, un enfant sur dix souffre de dermatite atopique, une irritation handicapante de la peau.
Plus précisément : la prévalence de la dermatite atopique chez les enfants de 6-7 ans est estimée à 8-9%, et à 10% chez les enfants de 13-14 ans.
... Cette maladie émergente semble résulter d’un microbiote cutané peu diversifié, lié à un excès d’hygiène, où prolifèrent les staphylocoques dorés. »
[le dossier complet de l’INSERM est repris dans les conclusions]
Un enfant sur dix c’est énorme.
Même si « semble » relativise le lien entre la dermatite atopique et « excès d’hygiène », les propos sont nettement alarmistes.
Comme concepteurs de produits cosmétique et … d’hygiène, les Cosmétologues doivent s’interroger sur leur part de responsabilité.
Dans son article de Pour la Science, Marc-André Selosse rappelle ce que nous savions :
« Les microbiotes protègent surtout des microbes pathogènes, qui sont leurs compétiteurs. »
… et donne deux exemples :
1° la compétition avec le staphylocoque doré
« Une guerre antibiotique plus sophistiquée existe aussi, par exemple contre le staphylocoque doré. Plus de 20 % d’entre nous en sont porteurs, mais très peu développent des maladies, car ce staphylocoque est prisonnier d’interactions complexes au sein des microbiotes.
Sur la peau, des levures, les Malassezias ...
[anciennement connu sous le nom de Pityrosporum, l’une d’entre elle, P. ovale est connue pour être associée aux dermatites séborrhéiques et aux "pellicules"]
... détruisent les protéines qui permettent aux staphylocoques dorés de former des communautés denses (les biofilms) qui les arriment à la peau et augmentent leur résistance aux molécules toxiques. Obligées de survivre séparément, les cellules sont plus vulnérables. »
2° une protection plus large : « La première protection est l’effet antibactérien des produits acides des fermentations microbiennes. L’acide propionique, sur la peau, ou l’acide lactique, dans le vagin, sont des protections locales. »
Dans l’article : Île.40 : Bactériocines, etc. du Voyage dans l'archipel les odeurs de Chosmo epidermis ...
… je cite d’autres exemples de compétitions que se livrent les microbes entre eux.
Leurs armes préférées sont les bactériocines produits naturellement par certaines bactéries (la Nisine par Lactococcus lactis ; la mupirocine par Pseudomonas fluorescens, ...)
Comme dans les guerres entre Homo sapiens, il existe des alliances entres certaines bactéries et une mutualisation des armes, par exemple les antibiotiques produits par plusieurs bactéries Gram+, comme les Streptococcus et les Streptomyces leur permet de lutter ensemble contre d’autres bactéries Gram+.
Dans notre Chosmo epidermis, la cellule de Langerhans pourrait détenir le rôle clé d’Ambassadeur de notre Soi.
Détentrice de toutes nos informations immunitaires, elle jouerait sur l'activation/inhibition diplomatique des récepteurs à l’amertume.
« Branche de la médecine qui traite de tout ce qu'il convient de faire pour préserver et pour améliorer la santé. » (CNRTL)
Toutes les définitions lient l’hygiène à la médecine et à la santé.
Il faut quand même noter que l’hygiène a fait régresser des maladies comme la tuberculose, causée par la bactérie Mycobacterium tuberculosis. Contagieuse, la tuberculose arrive encore en tête des causes de mortalité d'origine infectieuse à l’échelle mondiale, devant le sida.
De son côté, le choléra est
aussi « la maladie des mains sales »
Le choléra, due à la bactérie Vibrio choleræ, est aussi dénommée
« la maladie des mains sales »
À juste titre, Marc-André Selosse ajoute un code social
« La réconciliation avec le monde microbien heurte de plein fouet nos codes de propreté. … moins de douches savonnées… froissent éducation et savoir-vivre. Mais c’est ici que la propreté (un code social) ne recouvre plus l’hygiène (la pratique médicale qui optimise la santé). Hier, on pensait à tort que l’hygiène passait par la stérilisation, ce qui a conduit à une vision de la propreté… contre-productive au regard des maladies liées à la modernité comme le diabète, l’obésité, les allergies. »
Retenons l’accusation contre les « douches savonnées », qui pourrait être une accusation contre les douches moussante, c'est-à-dire contre l'utilisation des gels-douches. (voir
Chosmo epidermis. Le gel-douche disculpé)
Comme précédemment, Marc-André Selosse reste prudent dans ses accusations « … ces microbiotes appauvris, sans doute par une hygiène excessive, contribuent aux maladies. »
Concernant « les allergies », celles dues à certains ingrédients des produits cosmétiques … et d’hygiène corporelle, apparaîtraient-elles après un excès d’hygiène. C’est une piste à explorer
Jadis, dans l’Antiquité, les Égyptiens utilisaient de l’argile pour se laver. J’ai pu observer que la tradition avait perduré au moins en Tunisie. Le « Tfeul » (ou « Tfal » ou ghassoul ?), une argile smectique, est extrait de gisements du du Sud du pays. Se « laver » avec cet argile confère à la peau une grande douceur ; qu’en est-il du microbiote ?
Les mêmes Égyptiens connaissaient le savon, mais ne l’utilisait que pour la préparation des peaux destinées au tannage.
Les Romains s’enduisaient d’huile d’olive qu’ils raclaient ensuite avec un strigile (voir Gladiateurs sur la récupération de cette huile)
Premières civilisations, premières baignoires
Si on retire l’éclipse de saleté comprise, en Europe, entre la Renaissance et le milieu du XIXe siècle, la propreté est un « code social », et même un marqueur social, qui a traversé les siècles. Voir École.16 : La chemise blanche. Marque sociale
La nouveauté moderne est le plaisir apporté par la mousse !
Quels arguments les cosmétologues doivent apporter pour répondre à ces accusations, ou quelles réponses apportées pour préserver notre Chosmo epidermis ?
(J’ai défini le Chosmo epidermis pour considérer l’ensemble symbiotique épiderme + microbiote.)
Je vois a priori deux directions :
1° La première idée est faire confiance à nos formulations. S’il y avait péril, la cosmétovigilance, que la plupart des marques ont mis en place, l’aurait montrée. Il « suffirait » donc de montrer que les gels-douches proposés, notamment ceux destinés enfants, ne perturbent pas le microbiote dans sa diversité.
2° créer de nouveaux « gels-douches » basés sur l’objectif principal de ne pas perturber le microbiote cutané.
Mais ce n’est pas si simple !
Le titre énigmatique de la revue d’Heidi H. Kong et ses collègues du laboratoire de dermatologie de Bethesda, (Maryland USA) en dit long, et avec humour, sur les difficultés à effectuer, et à interprèter, des recherches sur le microbiome cutané :
Performing Skin Microbiome Research: A Method to the Madness
(La seconde partie du titre pourrait se traduire à la fois par : « Comment trouver un sens/une méthode à tout cela. », ou bien « Comment ne pas sombrer dans la folie. », ou les deux !).
La raison de sombrer dans la folie est la multiplicité des paramètres dont il faut tenir compte, multiplicité, qui rejoint celle des microbiotes, nous avons chacun le notre!
Noah Fierer, Rob Knight proposait même de faire de notre microbiote un outil de police scientifique, qui permettrait une identification des personnes plus sûre que les empreintes digitale (Voir La peau et ses odeurs - Identité)
- Quels volontaires choisir ? Dans quel état de santé de la peau ?
- Quelle partie du corps, sachant qu’on trouve une plus faible diversité de microbes sur les zones «sébacées» de la peau (par exemple : le front) par rapport aux sites «secs» (par exemple : l’avant-bras)
- Des femmes et/ou des hommes ? sachant que la communauté microbienne est beaucoup plus variée chez les femmes que chez les hommes, dans tous les sites corporels.
- Quel âge ?
Etc.
Il est vrai que les « douches savonnées » sont très chargés en surfactifs moussants. Plus qu’un « code social », la mousse onctueuse fait partie du plaisir hédoniste de la douche.
En théorie, une solution de surfactifs mouillants suffirait. La détergence n’est pas nécessaire, sauf si l’enfant est s’est trempé, par exemple, dans de l’huile de vidange, ce qui est, heureusement, un accident assez rare !
L’autre demande de détergence est d’éliminer le « conditionneur » laissé sur les cheveux par le shampooing précédent et par un effet cumulatif d’alourdir le cheveu, mais cette exigence ne semble pas nécessaire pour un gel-douche.
Le pourcentage de surfactifs dans ce gel-douche « idéal » serait inférieur à 1%. Mais ne générerait quasiment pas de mousse !
Ou bien, pourquoi ne pas utiliser un « simple savon » ?
Seraient-ils vraiment moins perturbants vis-à-vis du Chosmo epidermis ? …
Les travaux de Christopher Wallen-Russell (en utilisant un produit mouillant : le JooMo) et ceux de les travaux de Noah Fierer, Rob Knight et al. (utilisant du savon : Ivory) permettent d’en douter.
Par ailleurs, le lauryl ether sulfate ne sert pas qu’à générer de la mousse, il permet aussi d'apporter de la viscosité à la solution, en ajoutant la quantité optimum de Chlorure de sodium. La viscosité est utile non seulement pour la présentation avantageuse du produit, mais aussi à ce que la quantité prélevée ne coule pas à travers les doigts avant d’être transférée sur la tête et/ou le corps.
Il faudrait complètement repenser notre Cosmétique moussante et repenser le marketing qui l’accompagne.
Sidouri dit à Gilgamesh « lave ta tête »
La mousse n’est pas seulement un plaisir, elle sert également de test, au moins pour le shampooing.
Le gras/sébum est un anti-mousse.
Si la mousse n'est pas assez abondante, le cheveu est jugé encore "sale" par l’utilisateur et celui-ci procède à une deuxième application de shampooing.
Le Formulateur peut choisir comme stratégie d'utiliser des surfactifs secondaires qui confèrent au shampoing une faible sensibilité de la mousse au gras. C'est-à-dire qu’il se forme une belle mousse onctueuse et ferme même en présence de sébum. Avec ces shampooings, le test de la mousse est satisfaisant et l’utilisateur n’éprouve pas le besoin de doubler la dose, et ses cheveux sont moins dégraissés.
Des surfactifs non/peu délipidants seraient-ils une voie à explorer ? Par exemple en ajoutant du TEA PEG-3 Cocamide sulfate, Sodium lauroyl sarcosinate, Sodium cocoyl glutamate, etc.
Au moins une des formulations testées par Christopher Wallen-Russell va dans ce sens, avec des résultats ... non concluants Voir Chosmo epidermis. Le gel-douche disculpé)
Deux publications m’ont semblé plus particulièrement pertinentes à analyser (ce sont aussi les seules que j’ai détectées sur ce sujet.) :
Celle de Noah Fierer, Rob Knight et leurs collègues de l'Université du Colorado, déjà convoqués dans mon article La peau et ses odeurs
The influence of (sex, handedness, and) washing on the diversity of hand surface bacteria
analysé en détail dans Chosmo epidermis. Le savon disculpé
... et celle de Christopher Wallen-Russell du Centre de recherche Pavane Consultants (Berkshire UK)
The Role of Every-Day Cosmetics in Altering the Skin Microbiome: A Study Using Biodiversity
...analysé en détail dans
Chosmo epidermis. Le gel-douche disculpé
Les deux publications que j’ai analysées
d’une part confirment la « folie » crainte par Heidi H. Kong
et d’autre part montrent qu’il faut relativiser les modifications de nos Chosmo epidermis par le lavage :
L’examen détaillées des résultats de Noah Fierer et Rob Knight, en utilisant le savon, montre que la diversité ne serait pas globalement modifiée.
Et que des modifications par espèce sont au profit des « gentils » Lactobacillaceae !
Analyse détaillée de ces travaux dans Chosmo epidermis. Le savon disculpé
Avec deux lavages par jour pendant quatre semaines, les travaux de Christopher Wallen-Russell se situent bien dans ce qu’il serait convenu de qualifier d’une « hygiène » excessive.
Or avec les trois « gels-douches » testés, aussi bien la diversité que la richesse du microbiote …augmentent très sensiblement !
Le gel-douche idéal au sens de la neutralité vis-à-vis de la diversité et de la richesse du microbiote suivrait la courbe verte.
Si l’hygiène excessive par l’utilisation de gels-douches faisait baisser la diversité, du microbiote de Chosmo epidermis, comme le présume Marc-André Selosse, les observations suivraient la courbe rouge.
Analyse détaillée de ces travaux dans Chosmo epidermis. Le gel-douche disculpé
Les travaux de Christopher Wallen-Russell montrent également qu’après 4 semaines le flux de perte insensible d’eau (révélateur du bon état
- des bicouches céramidiques du stratum corneum
- donc d’une bonne structuration des kératines
… décroissent (voir Chosmo epidermis 04. De quoi devenir fou ou montrer la puissance de la formulation
… alors qu’une détérioration de la peau devrait conduire à une augmentation de la TEWL.
Une faible TEWL est révélateur du bon état
- des bicouches céramidiques du stratum corneum
- donc d’une bonne structuration des kératines)
… alors qu’une détérioration de la peau devrait conduire à une augmentation de la TEWL. Voir opus 04.
Il est admis par les communautés des Dermatologues et de Cosmétologues
- qu’en grande diversité du microbiote cutané (et aussi dans d’autres partie du corps humain, intestins compris.)
- qu’un (assez) faible flux d’eau transépidermique (TEWL)
… sont des critères de bonne santé de Chosmo epidermis.
Les lavages répétés, avec des formules de bonne qualité, créent-elles un nouvel équilibre correspondant à une meilleure santé de Chosmo epidermis ?
Dans le dossier que l’INSERM a consacré à la dermatite atopique, même si le « lavage excessif » de la peau est cité en premier, il est loin d’être le seul accusé !
Le texte complet est le suivant :
« La hausse de la prévalence des dermatites atopiques observée au cours des quarante dernières années signale que des modifications de l’environnement jouent un rôle dans le phénomène, les causes génétiques [entre 50 et 70%] ne pouvant expliquer une évolution aussi rapide. De nombreux facteurs peuvent contribuer à cette hausse soudaine : excès d’hygiène et perte de stimulation du système immunitaire à une phase précoce du développement, lavage excessif de la peau, habitat très isolé et mal ventilé favorable aux acariens, présence accrue d’animaux domestiques, évolution et diversification précoce des habitudes alimentaires, expositions au tabac et aux pollutions urbaines industrielles, grossesses plus tardives et enfants plus souvent gardés en communauté… Il est cependant difficile d’estimer le poids relatif de ces facteurs, qui sont de nature complexe et agissent souvent en association. »
Pourquoi Marc-André Selosse a-t-il porté ses accusations sur les seules douches savonnées ? Mystère !
Sur quels travaux l’Inserm s’appuie pour affirmer qu’une hygiène excessive est responsable de la dermatite atopique de l’enfant ? Mystère également, mais j’ai peut-être mal cherché.
D'autres travaux seront nécessaires, mais d’après ceux réalisés aussi bien par Noah Fierer que par Christopher Wallen-Russell,
il s’avère que la pratique de douches savonnées ne diminue pas la diversité de la flore de Chosmo epidermis (au contraire !)
donc ce ne sont pas les « douches savonnées » qui ont soit la cause de « la hausse de la prévalence des dermatites atopiques".
Les accusations contre le gel-douche levées, il faut donc chercher ailleurs les causes des allergies, dermatite atopique et autres maux apportés par l’environnement au système immunitaire.
(pour les relations avec le système immunitaire de Chosmo epidermis, voir Chosmo epidermis est un tout)
(par exemple le manque d’exposition à la lumière solaire, voir La Beauté au soleil
Puisque le manque de lumière solaire est un facteur favorisant la myopie chez l’enfant, il n’est pas impossible d’imaginer que ce déficit favorise la dermatite atopique.
Encore plus récemment, en 2019, Kristine Engemann, et ses collègues du Département des biosciences de l’université d’Aarhus (Danemark) ont montré que
Les enfants ayant eu peu de contact avec les espaces verts (traduction sans langue de bois : « ayant profité de la lumière solaire », même celle du Danemark) ont 55% de risques supplémentaires de développer troubles psychiatriques dès l'adolescence et jusqu'à l'âge adulte
Les Parisiennes et Parisiens n’ont pas attendu les recommandations de Kristine Engemann pour emmener leurs enfants au square (les premiers créés à Paris par Napoléon III)
- un habitat … mal ventilé, humide et favorable aux moisissures
Les acariens des poussières (Dermatophagoides pteronyssinus) se délectent notamment des petits morceaux de peau que nous perdons de manière insensible et continuellement. Sur les fientes de ses acariens se développent des moisissures particulières. Les acariens prospèrent de tous temps, mais les moisissures ne se développent que dans les pièces humides et insuffisamment aérées. Ce sont les spores de ces moisissures qui sont de puissants allergènes
Jadis, au moins dans ma jeunesse, tous les matins de beau temps on voyait déborder des fenêtres des immeubles la literie posée sur la rambarde. L'objectif était d'aérer. Les draps et quelquefois des matelas de petits lits restaient ainsi une heure à s'aérer. Bien entendu la pièce profitait de l'aération de la fenêtre ouverte.
Avec la perte de ce souci d’aérer apparaissent les allergies.
(Pourquoi de pas placer un déshumidificateur dans la chambre des asthmatiques et de ceux qui souffrent de dermatite atopique ?)
Observant que les « Enfants des rues » de Calcutta n'avaient pas d'asthme, quelques scientifiques étasuniens ont pensé qu'il y devait y avoir un principe actif anti asthme caché dans les caniveaux de Calcutta et ont été y faire des prélèvements (le spectacle dû être cocasse, car on peut imaginer qu'ils avaient revêtu un scaphandre complet !).
Oui, les Enfants des rues de Calcutta ont quelque chose en plus que les enfants urbains d’Occident. Ils vivent dehors (et à la lumière solaire), ils n'ont ne sont pas en contact avec les allergènes des moisissures des fientes des acariens.
Il faut signaler dans le dossier de l’INSERM un point encourageant pour les Cosmétologues:
« Un traitement de fond [de la dermatite atopique] vise à lutter contre la sécheresse cutanée et à restaurer la fonction de barrière de la peau. Il passe par l’application quotidienne d’émollients (crèmes hydratantes). »
Sauf que Non et NON, une crème hydratante n’est pas émolliente ! Voir Émollient. Non et non !
Le mécanisme proposé par l’INSERM est le suivant :
« Des études récentes [sur la dermatite atopique] ont notamment mis en évidence des anomalies affectant le gène codant pour la filaggrin et d’autres molécules nécessaires à la constitution de la couche cornée et à la résistance de la barrière cutanée. »
Ceci est en parfait accord avec les propriétés structurantes des Crèmes hydratantes que je développe dans ma série articles : Une crème hydratante est structurante
… et notamment le mécanisme proposé :
1° In vivo, la capture de l’excès d’eau-comme-de-la-glace par les bicouches glucocéramidiques du stratum granulosum régule la kératinisation.
2° Les crèmes « hydratantes » et notamment la Crème au stéarate procèdent à la même capture depuis le stratum corneum. Voir Modélisation et hypothèses
(Aléas de l’informatique : je me rends compte qu’une partie des images a disparu dans les articles cités, je vous pris de bien vouloir m’en excuser)
Vers
Les tentatives de corrélations entre
…les mesures de flux d’eau transépidermique (TEWL) et d’humidité de la peau (Moisture)
… et les observations d’augmentation à la fois de la diversité et de la richesse du microbiote de Chosmo epidermis
… sont confondantes par leurs absences de concordances.
Si elle était irritante, une « hygiène excessive » comme l’utilisation de « gels-douches » pendant 4 semaines 2 fois par jour, devrait provoquer une augmentation de la TEWL. Or sauf dans un cas, c’est le contraire qui est observé par Christopher Wallen-Russell.
Faut-il y voir la grande qualité des « gels-douches » testés, la puissance actuelle dans l’art de formuler la Cosmétique moussante ? Certainement.
L’humidité de la peau (Moisture) décroît, mais à la lumière de mes études ultérieures sur l’effet structurant des crèmes « hydratantes », je vois dans cette décroissance un effet positif, qui confirme des propriétés « traitantes » apportées par les formulations modernes.
Chosmo epidermis est un tout. Le microbiote et l’épiderme sont intimement liés. Si les observations de Christopher Wallen-Russell sont déconcertantes (pour ne pas dire « folles »), n’est-ce pas pour nous rappeler la prédominance des propriétés immunologiques de Chosmo epidermis ?
Des ingrédients, autres que moussants, sont présents dans les formulations testées. Aucun ne semble modifier le microbiote. Même pas les conservateurs, y compris les « huiles essentielles ».
La cellule de Langerhans négocierait-elle la permanence et la rémanence du microbiote de nos Chosmo epidermis ?
De par sa parenté avec les lymphocytes, elle détient toutes les informations sur notre système immunitaire.
La cellule de Langerhans est placée au cœur de l’épiderme. De là, par des dendrites et des cadhérines, elle peut échanger des informations avec plusieurs dizaines de kératinocytes situées dans toutes les couches de l’épiderme pouvant être régulées.
Pouvant capter des antigènes, la cellule de Langerhans possède les récepteurs lui permettant de recueillir des informations venant du microbiote
(qui pourraient être portées, au moins en partie, par les mêmes molécules que celles qui activent les récepteurs à l’amertume des kératinocytes)
Usant la voie des cadhérines, la cellule de Langerhans pourrait directement activer, ou désactiver, les récepteurs à l’amertume. Ceux-ci produisent des défensives et/ou des radicaux libres, limitant la croissance de microorganismes du microbiote.
En fin diplomate, elle pourrait aussi agir indirectement
- en laissant s’infiltrer des molécules qui activent les récepteurs à l’amertume des kératinocytes (par exemple : des acyl-homosérine lactones)
- en favorisant certaines bactéries, celles-ci devenant des gardes frontières supplétifs, qui produiraient des bactériocines.
- en activant les récepteurs au sucré, eux-mêmes inhibiteurs des récepteurs à l’amertume.
La fine diplomatie pourrait également apparaître dans la « régulation » de la perte insensible en eau (TEWL), qui modifierait l’activité de l’eau dans l’épiderme, favorisant (ou défavorisant) la croissance de tel ou tel microorganisme (par exemple les Lactobacillus). Cette action provoquerait une modification collatérale de la kératinisation.
La rémanence implique que la cellule de Langerhans puisse avoir une « mémoire », semblable à l’immunité acquise : la mémoire de notre peau.
La diversité et de la quantité de microorganismes dans le microbiote permet une meilleure protection de Chosmo epidermis. La cellule de Langerhans peut l’obtenir en recrutant des gardes frontières supplétifs plus divers et en plus grand nombre.
C’est probablement le résultat du « lavage excessif » observé par l’utilisation de « gels-douches » de « haute formulation ».