L’efficacité du masque serait-elle indirecte ? Éloigner les mains du visage
La contamination de beaucoup de maladies, y compris les Covid-19, se fait surtout par les mains.
À l’occasion des gestes que nous faisons, souvent inconsciemment, les microbes passent depuis les mains jusqu’ au nez et à la bouche
En limitant les gestes permettant les contacts entre les mains et le visage, le comportement lié au port du masque limite la contamination.
La pandémie actuelle a fait surgir la polémique du port du masque.
Laissons de côté l’utilisation, incontestable, par les professionnels de santé d’un masque normalisé
pour nous intéresser au port systématique dans les commerces, les centres villes, au restaurant entre deux plats, etc.
Certains en contestent le bien-fondé en argumentant que c’est comme de vouloir arrêter une balle de tennis avec une raquette dont les mailles seraient aussi grandes qu’un terrain de football. C’est sans doute vrai. Mais alors à quoi sert ce masque ? En quoi est-il utile ?
Paragraphe ajouté le 25 octobre 2020
La polémique perdure si nous en croyons l’article de Lynne Peeples dans Pour la Science mis en ligne le 20 octobre :
Les masques sont-ils efficaces contre le Covid-19 ?
« De nombreuses études suggèrent que de se couvrir le visage permet de freiner la propagation du coronavirus. Et pourtant le port du masque fait toujours débat. »
Citations :
« C’est légitimement déroutant. » Baruch Fischhoff, psychologue à l’université Carnegie-Mellon, à Pittsburgh, en Pennsylvanie,
« Pour être clair, la science soutient l’utilisation des masques. Des études récentes indiquent qu’ils sont bénéfiques de diverses manières : ils réduisent le risque de transmettre ou d’attraper le coronavirus, … »
« Si vous regardez chacune de ces études individuellement, ça n’est pas une démonstration incontestable. Mais, pris dans leur ensemble ces indices [de l’efficacité des masques] me semblent convaincants sur le fait que les masques sont efficaces contre le Covid-19 », estime Kate Grabowski.
Merci Kate, il est difficile d’être …. moins clair !
Mais rien dans l’article de Lynne Peeples sur la contamination par les mains !
Deux éminents physiciens, Jean-Michel Courty et Édouard Kierlik, se sont penchés sur ce problème dans un article de Pour la Science « Comment fonctionnent les masques de protection respiratoire » !
À l’origine, dans la version papier, le titre était « Les masques démasqués » mais sans doute par souci de politiquement correct il a été modifié !
Après une fine analyse des phénomènes physiques (ci-contre) les deux auteurs remarquent que le masque
« bloque les postillons dans les deux sens et permet d’éviter de se toucher le visage avec les mains. »
Ils indiquent aussi
« Avec des masques chirurgicaux, on obtient des taux très variables, compris entre 4 % et 90 %, en raison du passage de l’air par les bords du masque. »
Considérons que ce masque, que nous devons porter dans la rue ... ,
est efficace dans la lutte contre la pandémie actuelle.
Même s’il est « le plus précieux du monde » avec ses 3 040 diamants comme celui créé par Jacob & Co.
Si le masque est efficace d’où tient-il son efficacité ?
Pour le savoir, il faut revenir aux mains.
C’est une des pistes déjà proposée par Jean-Michel Courty et Édouard Kierlik, est que le masque « permet d’éviter de se toucher le visage avec les mains. »
Plusieurs maladies sont directement appelées « maladie des mains sales », par exemple l’hépatite virale A, choléra, …
En 2018, donc antérieurement à la pandémie de la planète en folie, Mégane Fleury rappelait qu’il faut « Se laver les mains pour éradiquer les microbes et lutter contre les maladies »
« Les mains sont responsables de la transmission de 80% des microbes, d’où la nécessité de bien se les laver et régulièrement … les mains. Ces dernières peuvent être la cause d'infections ORL, gastro-intestinales ou encore des maladies de la peau. Le simple fait d’adopter une meilleure hygiène peut réduire le risque de maladie intestinale ou respiratoire de 25 à 50 %. Ce sont les plus fragiles qui sont les plus concernées : personnes âgées, nourrissons, femmes enceintes ou personnes malades. »
Ces recommandations restent d’un parfaite actualité avec les Covid-19
Dans un article du 14 octobre 2020, dans The Conversation, Anne Goffard (Université de Lille), reprend la "Conclusion des chercheurs de l’Université de médecine de Kyoto : une bonne hygiène des mains est importante pour prévenir la propagation des infections par le SARS-CoV-2."
Certes, mais comment des mains sales peuvent-elles augmenter le risque de maladies respiratoires, etc. ?
Il suffit de regarder les gestes que nous faisons, inconsciemment. Régulièrement nous rapprochons nos mains du visage, Cela fait partie du langage gestuel. Nous nous toucherions le visage 200 à 400 fois par jour, plus encore si nous devons nous concentrer dans un environnement perturbateur.
Et à chaque fois les mains contaminent un peu plus la bouche et/ou le nez.
Je n’ai, hélas, pas la compétence technique pour vous montrer des exemples de vidéos, mais la prochaine fois, notamment si c’est un débat d’avant Covid, au lieu de regarder les yeux, regardez les mains de celui qui parle, vous serez convaincus.
Toutes les quelques minutes, variables selon les individus, les mains s’expriment autour du visage.
Revenons au masque.
Le masque « permet d’éviter de se toucher le visage avec les mains. » donc d’éviter que les mains contaminent le nez et la bouche.
Jean-Michel Courty et Édouard Kierlik aurait pu aller plus loin en remarquant que le masque évite que les mains s’approchent trop près du visage.
Le masque est peut être un filtre mais il est certainement un obstacle aux mains allant, instinctivement, vers le visage.
Pour vérifier cet effet obstacle du masque vis-à-vis des mains, j’ai regardé encore plus attentivement les personnes portant un masques et parlant entre-elles.
Il m’a semblé qu’il y avait un « effet masque » plus large qu’un simple obstacle.
Pour être plus précis, il m’a semblé que le port du masque semble paralyser les mouvements.
Non seulement, avec un masque, les mains jouent moins souvent et quand elles s’agitent c’est pour rester à plus de 30-50 centimètres du visage, elles ne dépassent guère la hauteur de la taille ou de la surface de la table pour les personnes assises.
S'il se vérifie, il appartiendra aux psychologues d’explorer ce phénomène.
L’intérêt du port du masque serait-il indirect, nous obligerait-il à garder nos mains éloignées de votre visage ?
Le masque protège de la contamination par les mains.
Pour éviter la contamination des mains il faut d’abord se laver les mains.
Il semble que la nature du masque soit secondaire.
Même s’il
- marque un souci d’élégance
- ou une certaine fantaisie
... et même sans effet de filtre, le masque est utile.
Repris de l’article le Lynne Peeples dans Pour la Sciences
« Les masques fonctionnent, mais ils ne sont pas infaillibles. Par conséquent, gardez vos distances. » Paul Digard
… et surtout, lavez vous les mains !
Dans The Conversation du 23 octobre 2020 (paru le 29)
Catherine Clase (McMaster University, Canada), Edouard Fu (Leiden University, Pays Bas)et Juan Jesus Carrero (Karolinska Institute, Suède) nous proposent de
Tout savoir sur les masques anti Covid-19 en tissu, en cinq questions
« Selon les conclusions de 25 études différentes, les tissus les plus efficaces sont le coton tissé (à raison d’au moins 100 fils par pouce) ; la flanelle, soit 100 % coton, soit en polycoton, à raison d’au moins 90 fils par pouce) ; le tissu des torchons à vaisselle » ;
…et « celui d’un T-shirt épais et de bonne qualité » en laissant l’ourlet, celui-ci afin d’éviter que le tissu ne s’étire.
J’ai ajouté en commentaire de l'article : l’effet indirect du masque pour éviter la proximité main-visage développé dans le présent article
… également indirectes
- protéger les commerçants … d’une amende
- ne pas mettre dans l’embarras les forces de l’ordre chargées de faire respecter la loi
Repris de l’article le Lynne Peeples dans Pour la Sciences
Massimo Marchiori « suggère que le port d’un masque incite le porteur et son entourage à mieux adhérer à d’autres mesures, telles que la distanciation sociale. Les masques sont peut-être un rappel visible d’une responsabilité partagée. »
D’autres bonnes raisons apparaissent dans une interview de Carla Bruni à l’occasion de la sortie de son nouvel album.
Bien que cela ne semble avoir aucun rapport avec son métier, le journaliste a ajouté les surprennantes questions suivantes :
- Le port du masque n’est-il pas une aubaine pour les célébrités, qui peuvent désormais faire leurs emplettes au Franprix parfaitement incognito ?
- La bonne nouvelle, c’est qu’en plus de nous protéger contre ce foutu virus, les masques nous préservent également des faciès laids et déplaisants, des postillonneurs de tout poil et autres haleines de chacal...
Les réponses de la « chanteuse adorée pour sa voix délicate et émouvante... » furent, respectivement :
- Oui, non, je pense que le masque donne surtout lieu à un comportement de prudence, en plus de protéger.
- Euh, oui, c’est un fait.
Réponses courtes et circonspectes sans doute destinées à montrer qu’elle n’était pas là pour parler des masques mais de ses chansons.
Mais finalement, Carla Bruni résume parfaitement l’intérêt du port du masque : c’est un comportement de prudence
En gardant, à tout instant, les mains paralysées derrière le dos ou ballantes le long du corps nous pourrions éviter que nos mains s’égarent près de notre visage et donc de porter ce masque.
Coïncidence ? en terme de langage corporel, garder les mains derrière le dos marquerait un signe non verbal de supériorité et de mise à distance d’autrui.
Garder les distances n’est-il pas une des mesures pour lutter contre la Covid-19 ?
Mais serait-ce vraiment un avantage ?
Comment faire nos courses dans un magasin en gardant les mains paralysées ?
De deux maux il faut choisir le moindre et le port du masque est le moindre mal !
Sans oublier les mesures de protection dans les situations à hauts risques
Voir http://www.beaubiophilo.com/2020/10/comment-je-me-suis-protege-pendant-un-sejour-dans-un-etablissement-de-sante.html