Vision périphérique et maladie d’Alzheimer ?
Une luminothérapie basée sur une sollicitation de la vision périphérique pourrait-elle retarder, voire faire régresser, l’évolution de la maladie d’Alzheimer ?
"Il y a tout le temps quelque chose qui bouge, dans ces espaces ! Un oiseau qui s’envole, les nuages qui passent, une fleur qui s’ouvre...."
… note Thérèse Jonveaux, à propos des Jardins thérapeutiques.
Loin de moi l’idée d’écarter l’importance de la poésie dans la cognition, mais au-delà de la poésie, un oiseau qui s’envole modifie brusquement notre champ visuel. Cette modification n’est-elle pas une sollicitation de la vision périphérique ?
Cet oiseau par son mouvement dans notre champ visuel, attire notre attention
aussi bien
si nous rêvassons que
si nous bavardons avec des amis, concentrés sur les conversations (comme sur la photo)
Si les paysages des tableaux de Paul Cézanne seraient mieux reconnus, ne serait-ce pas que leur « flou intelligent » « parleraient » mieux à notre mémoire que des représentations dans toutes leurs nettetés, par exemple celle d'une photographie ?
Si ce « flou intelligent » était le produit d’une hyper utilisation de sa vision périphérique de Paul Cézanne ...
... la vision périphérique jouerait-elle un rôle crucial dans l’acquisition et la conservation de la mémoire dans notre cerveau ?
« Une atrophie de l’hippocampe (une région du cerveau, voir ci-contre] constitue un des arguments en faveur du diagnostic de maladie d'Alzheimer. [et de ses premiers symptômes] » (INSERM information)
Dans la Formation et consolidation des souvenirs; Serge Laroche écrit :
« … le séjour d'animaux dans des environnements enrichis en stimulations sensorielles et sociales améliore les capacités d'apprentissage et de mémoire ».
[Ces « environnements enrichis en stimulations sensorielles et sociales », y compris un oiseau qui s’envole, ne sont-ils pas les mêmes des stimulations que celles apportées aux humains par les Jardins thérapeutiques ?]
« ... un facteur clé de cette amélioration des capacités mnésiques est l'augmentation importante de la production et de la survie de nouveaux neurones dans le gyrus denté de l'hippocampe."
Certes, la vision périphérique est traitée par l’amygdale cérébrale et pas directement par l’hippocampe mais :
« L'amygdale reçoit aussi de nombreuses connexions de l'hippocampe. Celui-ci étant impliqué dans le stockage et la remémoration de souvenirs explicites, .... » voir L'AMYGDALE ET SES ALLIÉS
(Ces liaisons amyg-dale/hippocampe pourraient également expliquer la bonne reconnaissance des paysages peints par Paul Cézanne.)
Voir aussi Mouvements et vecteurs dans notre mémoire )
Santé Magazine s’est fait l’écho d’un article publié en novembre 2018 par Bliss Elizabeth O'Bryhim et ses collègues du Département d’ophtalmologie et de science de la vision de l’Université de Washington à St. Louis (USA)
Dans son interview Bliss déclare :
« chez les patients présentant des taux élevés de plaque d'amyloïde ou de protéine Tau [taux caractéristiques de la maladie d’Alzheimer], nous avons détecté un amincissement significatif au centre de la rétine.» …
« Nous avons tous une petite zone dépourvue de vaisseaux sanguins au centre de notre rétine, responsable de notre vision la plus précise. Nous avons ... constaté que cette zone dépourvue de vaisseaux sanguins était considérablement élargie chez les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer à un stade préclinique. »
Et si cet élargissement de la zone centrale dépourvue de vaisseaux sanguins traduisait une diminution de la zone de vision périphérique ?
De même que des exercices physiques participent à l’entretien et à la tonicité de la masse musculaire …
… serait-il possible d’augmenter la vision périphérique par des sollicitations optiques
…et ainsi retarder, voire de faire régresser, l’évolution de la maladie d’Alzheimer ?
Cette hypothèse d’un lien entre la vision périphérique et la maladie d’Alzheimer doit être rapprochée des travaux d’Hannah F. Iaccarino, selon lesquels l’envoi de flashs de lumière favorise l’élimination de plaques amyloïdes par les cellules gliales
Ces flashs seraient-ils la répétition (rapide) d’une sollicitation de vision périphérique ?
Les résultats illustrés par cette vidéo justifient que la voie de la luminothérapie doit être considérée.
Les Jardins thérapeutiques sont certainement la meilleure façon de profiter de « stimulations sensorielles et sociales », mais quand le mauvais temps ne permet pas d’être en plein air et baigné dans la lumière solaire, chacune de ces sollicitations cérébrales ne pourraient-elle pas être mimée par des jeux de lumières ?
Solliciter la vision périphérique devrait se faire dans tout le champ visuel, c'est-à-dire dans toute la pièce où se trouvent la ou les personnes.
Un flash d’un durée de 70 millisecondes devrait suffire (cette durée est le seuil estimé de la perception de la vision périphérique – mais il est sans doute inférieur de moitié)
… mais pour mieux mimer un oiseau qui s’envole, la durée de la sollicitation pourrait aller jusqu’à quelques secondes
Le flux lumineux ne serait pas nécessairement puissant. Le flux moyen pourrait être d'environ 100 lux.
À titre de comparaison, 100 lux est l’éclairage nécessaire à un couloir ou à un escalier.
La sollicitation pourrait être une image comme celle de l’oiseau qui s’envole, mais plus simplement une lumière émise par une plusieurs diodes électroluminescentes (LED).
Devenant une photothérapie, ces sollicitations de la vision périphérique devraient être en accord avec la Chronobiologie
Voir dossier INSERM
Cette proposition de luminothérapie par stimulation de la vision périphérique s’ajoute aux « solutions d'éclairage quantitatives et judicieuses basées sur les principes fondamentaux de la régulation circadienne » passées en revue par
Nicholas Hanforda et Mariana Figueirob,
Light Therapy and Alzheimer’s Disease and Related Dementia: Past, Present, and Future
Le temps qui s’écoulerait entre chaque sollicitation devra tenir compte les cycles circadiens et des rythmes ultradiens
(Les rythmes ultradiens ont une période de moins de 24 heures, par exemple, les cycles secondaires sont de 90 min et les cycles tertiaires de 20 min)
Les couleurs devront également être en accord avec le rythme circadien de la photobiologie
Par exemple, le matin, ou après la sieste, les longueurs d’ondes d’émission les LED seraient avantageusement centrées sur celle qui correspond au maximum de vigilance de la part d’un œil humain : 460 nm.
Cette couleur est également celle de l'aube et de l'aurore, au moins sous environ de 45° de latitude et aux moments d'une équinoxe