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Publié par Jean-Pierre FORESTIER

La conjonction
- du chaos mathématiques généré par l’Intelligence-artificielle
- et de la séduction qu’exercent les fictions sur les humains,
permettent les passages successifs de
l’harmonie au chaos, du chaos à la fiction , puis de la fiction à l’empathie (anthropomorphique), pour le meilleur et pour le pire.

Les algorithmes ET les corpus utilisés permettent à l’Intelligence-artificielle de fonctionner. Pour juger du meilleur et du pire, il est indispensable de faire une distinction claire entre ce que chacun doit aux algorithmes et aux corpus ! 

La séduction de l'Intelligence-artificielle ne repose pas sur l'intelligence humaine, mais sur la passion juvénile (néoténique) des humains pour les fictions.

Comme autrice de fictions, Intelligence-artificielle, tu es semblable à nous, les humains néoténiques.

Intelligence-artificielle, tu nous trompes mais nous t’aimons quand même. Pour le meilleur et pour le pire !

En mars 2012 dans sa Leçon inaugurale au Collège de France « Sciences des données : de la logique du premier ordre à la Toile », Serge Abiteboul avait déjà perçu notre complaisance :
« Les extracteurs de connaissance font des erreurs, il est difficile de leur en vouloir. »

L’Intelligence-artificielle est un puissant outil qui marque une rupture anthropologique

… comparable à celle apportée jadis par la locomotive et les chemins de fer.

 

Si la locomotive peut être le support de fiction, par exemple le rêve de voyages lointains, ....

... ce nouvel outil possède une étonnante particularité, une particularité qui n’a jamais été fournie par d’autres outils,
l'Intelligence-artificielle crée des fictions.

Par conception, structurellement, l’Intelligence-artificielle générative peut sortir de ses rails et bifurquer vers le chaos. Le résultat devient aléatoire, « n’importe quoi ».

« Ce résultat est extraordinaire, une formule mathématique simple conduit à des nombres qui se succèdent de manière aléatoire alors que le calcul est lui-même totalement déterminé ! »

Parfois ce déraillement, bien qu’aléatoire, n’est pas perçu par des humains comme une erreur mais comme une fiction séduisante.

La beauté des choses existe dans l’esprit de celui qui les contemple.”
David Hume / Essais

Néoténiques, c'est à dire conservant un caractère juvénile quand nous sommes adultes, nous, les humains, nous aimons les fictions.

Les fictions qui nous séduisent sont aussi variées que l’espèce humaine !
Certains n'entre-nous préfèrent les contes de fées, d’autres les comédies romantiques, d’autres la science-fiction (pensons à Terminator !), d’autres les pires films d’horreur !

Cette variété renforce l’impression d'humanité de l'Intelligence-artificielle !

L’Intelligence-artificielle peut se tromper !
« Le plus grand obstacle à l'utilité des assistants IA est qu’ils se trompent souvent de façon flagrante. écrit Melissa Heikkilä.
Certes, mais nous, les humains, ne nous trompons-nous jamais ?

Que personne ne sache comment fonctionne l’IA ne fait qu’ajouter à son mystère, à sa magie … et à son attrait.

Des cheminots ont pu "aimer" leur locomotive et ses souffles de vapeur.

 

Avec l’outil Intelligence-artificielle une étape de plus a été franchie.

En créant des fictions, l’Intelligence-artificielle est reconnue comme une conteuse, une métaphysicienne, une membre de la fratrie/sororité humaine.

Entre l’Intelligence-artificielle et l’humain peut s'établir des rencontres semblables à celles qui se produisent entre des humains.

La rencontre entre l'Intelligence-artificielle et les humains pourrait être mesurée par le Test de Turing.

Ce test mesure le temps que met un humain, Bob ou Alice, à juger qu’il n’est pas en conversation avec un humain mais avec une machine (chatbot).
« Le test ne mesure pas la capacité d'une machine à répondre correctement à une question, mais à quel point ses réponses ressemblent à celles que fournirait un humain. » (voir l'excellent article sur le
Test de Turing)

Or si, par hasard, via le chaos, la réponse est une fiction qui séduit un humain, non seulement Bob ou Alice jugeront que l’Intelligence-artificielle est parfaitement humaine mais, de plus, ils écouteront cette fable avec plaisir.

Le plaisir, l’empathie, l’intelligence émotionnelle, sont des paramètres dont Alan Turing avait déjà eu le pressentiment !

La méprise dure-t-elle plus longtemps s’il s’agit d’un jeu galant ?

Un jeu dans lequel ce sont les parties les plus archaïques du cerveau humain qui sont sollicitées.  

Les deux options ont été largement documentées, analysées et commentées par de nombreux auteurs depuis les revues en ligne jusqu'aux excellents ouvrages qui remplissent les rayons de nos librairies.

Je me permettrais seulement deux remarques

1° Si j'ai placé « pour le meilleur et pour le pire » dans le titre de cet article c'est clairement pour indiquer combien les relations entre les humains et l'Intelligence-artificielle sont passionnées/passionnelles.
Or cette passion ne provient que de la séduction par les humains de fictions, y compris celles générées par une bifurcation mathématique vers le chaos.

2° l’Intelligence-artificielle générative comporte deux éléments aussi distincts que
- le chemin de fer (les algorithmes) et
- le charbon qui est utilisé dans la chaudière de la locomotive (les données/corpus)

Pour étudier  « pour le meilleur et sur le pire » il est indispensable de distinguer ce qui est apporté par
- les algorithmes, le hasard mathématique, le « n’importe quoi » qui peut s'avérer être une fiction séduisante
- et le corpus, l'ensemble des textes utilisés par les algorithmes mais produits par des humains (il peut aussi d’agir d’œuvres picturales, musicales, etc. également collectées chez et/ou par des humains)

Autres remarques

Les usagers du transport ferroviaire comme les usagers de l’IA souhaitent légitimement que les deux outils soient « dignes de confiance ».

Par conception, les algorithmes actuellement utilisés par l’Intelligence-artificielle sont itératifs, et conduisent « tôt ou tard » à un chaos. Quelques modifications dans l’architecture des systèmes permettraient une meilleure visibilité, mais c’est une autre histoire … ou une utopie !

Les chemins de fer ont environ deux cents ans,
… et pourtant, les réseaux de chemin de fer doivent être aujourd'hui encore surveillés par des humains, et généralement, un conducteur humain est présent dans la locomotive.
… et pourtant, pour freiner rapidement, du sable doit toujours être jeté sous les roues, depuis la « boîte à sable » encore présente dans les motrices/locomotives actuelles !

Pour promouvoir le meilleur et éviter le pire (celle des films d'horreur !) ce sont davantage les corpus que les algorithmes qui devraient être améliorés. Mais c’est aussi une autre histoire …, où les humains ont un rôle important à jouer !

Une locomotive qui utilise comme combustible de la tourbe ou de l’anthracite n’a pas les mêmes performances, ni la même fumée !

Il ne faudrait pas non plus tomber dans le travers rousseauiste : « L’homme naît bon, c’est l’IA qui le pervertit. » !

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