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Publié par Jean-Pierre FORESTIER

Aléatoire

Considérer l’aléatoire dans le cognitif n’est pas nouveau. En 1952, le biophysicien Bernard Katz (prix Nobel 1970) et son collègue F. Fatt observent des séquences de « potentiels miniatures »
(à l'époque des travaux, les enregistrements étaient encore réalisés sur un cylindre enduit de noir de fumée)
dont ...

- « la succession leur semble être complètement aléatoire »,

- « sans dépendre d’un quelconque événement l'historique » (c'est-à-dire sans dépendre de la mémoire, c'est-à-dire, d’après 03. Notre mémoire ferroélectrique, indépendamment de l’état hystérétique d’un champ électrique formé par des protéines de mémoire.

Leur qualificatif de « miniature », ou "minis", fait référence à leur faible amplitude qui n’est qu’environ le centième des « potentiels normaux ».

L’inattendu de cet aléatoire amène les auteurs à considérer que ces séquences doivent « toutefois être interprétée avec une certaine prudence ».*

(On retrouve dans les textes de Bernard Katz le sens disparu d'une œuvre littéraire, voire du poétique.
Le plaisir de lecture des articles scientifiques actuels est devenu comparable au plus froid des rapports d’huissiers !)

En multipliant le nombre d'essais (par 800), les auteurs montrèrent que, bien qu'aléatoires, les intervalles de temps entre les « décharges » de ces potentiels miniatures se répartissent sur une courbe décroissante.

 

Il est remarquable que certains intervalles de temps sont très longs

… et dont les amplitudes se placent sur une courbe qui suit la « loi normale » (gaussienne), sans « bosse ni pic secondaires ».
Non noterons que quelques valeurs, notamment l'une d'entre-elles, sont  très éloignées de la valeur moyenne.

Bien qu’aléatoire, la fréquence des décharges de minis est sensible à des ...

- paramètres physiques comme la température ou la pression osmotique (une très forte sensibilité est observée pour cette dernière),

- mais aussi à des paramètres chimiques comme l’utilisation de l’acétylcholine, la néostigmine (un anesthésique), un extrait de curare, …

Plus tard, les minis ont été attribués à une stimulation présynaptique,
mais, comme l'a souligné Bernard Katz, « 
il n'y a pas d'explication simple aux minis. »

Simple, non, mais pourquoi pas probabiliste … ou simplement flou.

L’explication est d’autant moins simple que les minis ne sont pas émis par tous les « neurones »

Les observations de Katz portaient sur une cellule nerveuse qui est directement connectée avec un muscle et commande sa contraction (motoneurone), mais des études ultérieures (en 1995) montrèrent que les « minis » ne se retrouvent pas dans d'expression de la potentialisation à long terme des synapses de l'hippocampe !

Héritage de Katz

Plus de cinquante ans après l’article de Katz, George Augustine et Haruo Kasai, en recherchent l’héritage :

Leur conclusion est quasi lyrique :

«… la libération de neurotransmetteurs par quanta se trouve dans tous les manuels de neuroscience et de physiologie contemporains et ont guidé les générations futures vers des découvertes scientifiques. 

Plus important encore, ces articles éclairent encore les études contemporaines sur les mécanismes présynaptiques et continueront sans doute à le faire longtemps encore. »

Vraiment ?

Quelles sont les études éclairées par Katz ? Ces générations futures sont-elles déjà nées ?

Les découvertes semblent encore à faire !

Et il est vraisemblable que ma série d’articles aura encore moins d’impact que ceux de Bernard Katz !

Mais qui s’intéresse encore à la biophysique ?

La réponse, heureuse, à mes questions a été donnée par Jean-Gaël Barbara dans CERVEAU & PSYCHO de juin 2019

Bernard Katz et les bulles de la pensée

 

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