Chosmo epidermis
En allant plus loin qu’Homo sapiens, Éric Bapteste définit le Chosmo sapiens comme une : « fusion littérale du genre humain et du cosmos microbien qui le compose ; dont les développements passés, présents et à venir dépendent fondamentalement des microorganismes » (pour le « à venir » voir La peau et ses odeurs)
En viendrons-nous au Chosmo pellis (à vérifier car je ne suis pas latiniste !) ou même au Chosmo epidermis pour considérer l’ensemble épiderme + microbiote ?
Oublié l’épiderme, vive le Chosmo epidermis !
Alors interrogeons-nous : existe-il un Chosmo epidermis qui corresponde à la peau sèche-rêche et irritable ? Un Chosmo pellis de la peau vieillissante ? Un Chosmo pellis des rides ?
Quel est le Chosmo epidermis de mauvaise odeur ? Celui sans acné (j’y viendrais plus tard dans la partie historique ?
Je répugne à utiliser le terme « Skin barrier », car barrière a une connotation d’infranchissable et de statique, alors que l’épiderme, et la peau, sont des systèmes perméables et dynamiques, mais Marie-Alice Dibon est dans le vrai quand elle suggère que le microbiote devrait être considéré. Il y aurait un « Skin barrier » du Chosmo epidermis.
Nos « actifs » sont-ils davantage que des « promotional additives » selon la terminologie décomplexée étatsunienne ? Autrement dit, nos « actifs » ne sont-ils pas aussi/davantage des petites gâteries pour la flore cutanée de notre Chosmo epidermis ?
La réglementation sur les produits cosmétiques semble nous interdire d’ajouter à la peau des souches microbiennes (probiotiques), mais rien ne nous interdit de chouchouter, par des prébiotiques, les bactéries qui y sont déjà, et en chouchouter plus certaines que d'autres.
Chouchoutons notre microbiote cutané, notre Chosmo epidermis nous le rendra bien.
Les travaux de Sophie Seité semblent en avoir fait la démonstration avec le sélénium de l’Eau de la Roche Posay, dont l’action sur la dermatite atopique doit, il est vrai, conjuguée avec la structuration des kératines par une crème « émolliente/hydratante » : un indice supplémentaire que c’est bien le Chosmo epidermis dans son ensemble qu’il faut embrasser !
Pour objectiver nos revendications, par exemple sur l’action de flavonoïdes plus ou moins exotiques, nous sommes obligés d’utiliser des cultures cellulaires (voir article de Nava Dayan et discussions)
Ce qui nous conduit souvent à mettre en scène la membrane interne des mitochondries des kératinocytes voire celle des fibroblastes. Et d’éveiller de légitimes soupçons de certaines administrations, comme la FDA !
Calendula officinalis utilisé depuis toujours dans nos formulations serait-il une petite gâterie pour certaines espèces de Lactobacillus ou des variétés de Staphilococcus epidermis ? (Comme le sélénium pour les Xanthomonadales)
Certains « actifs » provoqueraient-ils spécifiquement le développement d’un gentil microbiote cutané, plus exactement d’un Chosmo epidermis sain et confortable ?
Alors, pourquoi ne pas d’objectiver nos revendications de Chosm...étologie, par l’effet sur le microbiote cutané ? La méthode est non invasive ; il suffit de prélever la flore. Puis de faire son inventaire et sa cartographie, par exemple par séquençage des gènes de la fraction ARN ribosomale de 16kDa. Et enfin de faire la corrélation avec l’état de la peau diagnostiqué par une esthéticienne chevronnée.
Est-ce la fin les cultures cellulaires et autres “Pharmacodynamic models” !
Une autre voie m’est apparue pendant ma ballade parmi les Bienfaits des toxines végétales (voir Amertume et microbes ) : De même que le microbiote intestinal modifie les végétaux que nous ingérons, et que ce sont finalement les produits du métabolisme microbiotique qui agit sur notre organisme, notre flore cutanée modifie-t-elle les « actifs » que contiennent les crèmes que nous appliquons sur la peau de nos Client(e)s ? Si ces « actifs » sont modifiés, quels sont finalement les substances fournies par le Chosmo epidermis à l’épiderme, et à la peau ? Quels sont leurs actions ? Voici un autre domaine à étudier.
Pour paraphraser Nietzsche, je dirais « Il est besoin de nouveaux biologistes ! L’épiderme, lui aussi, a son microbiote ! Les microbes, eux aussi, ont droit à l'existence ! Il reste encore un autre monde à découvrir - et plus d'un ! Sur les vaisseaux, vous autres les microbiologistes ! »
Comme Christophe Colomb s’était attaché les talents des trois frères Pinzón, il sera prudent de s’attacher les talents de mathématiciens.
Par exemple, pour regarder le Chosmo epidermis comme une frontière complexe