Chosmo epidermis, une frontière complexe
Après avoir rédigé ces quelques articles, il m’apparaît, ou plutôt il se confirme, que la frontière entre l’extérieur et l’intérieur de notre corps est très complexe, complexe au sens commun et complexe au sens mathématiques,
Premier objectif des mathématiciens : considérer Chosmo epidermis comme un système (mathématique) complexe tel qu’il a été étudié notamment par Zoltán Oltvai, biologiste cellulaire à l’Université Northwestern à Evanston (Illinois, USA) et Albert-László Barabàsi, physicien à l’Université de Notre Dame,(Indiana, USA).. Parmi les différents systèmes complexes, regular, random ou scale-free, c’est ce dernier, l’invariant d'échelle", qui représente le plus vraisemblablement Chosmo epidermis.
L’invariant d’échelle a en effet la particularité de présenter des supernœuds, c'est-à-dire des points de concentrations d’informations.
Chaque nœud serait une entité biochimique ou biologique et chaque lien serait une réaction biochimique ou biophysique.
Par exemple, les bicouches céramidiques du stratum corneum, l’eau comme-de-la-glace, Staphylococcus epidermidis seraient des supernœuds.
Les liens entre les nœuds seraient : le flux d’eau transépidermique, la kératinisation, la production de molécules odorantes.
La non-conformité aux règles que préconise Descartes n’est qu’apparente
10 Règle dixième
Pour que l’esprit acquière de la facilité, il faut l’exercer à trouver les choses que d’autres ont déjà découvertes, et à parcourir avec méthode même les arts les plus communs, surtout ceux qui expliquent l’ordre ou le supposent.
13 Règle treizième
Quand nous comprenons parfaitement une question, il faut la dégager de toute conception superflue, la réduire au plus simple, la subdiviser le plus possible au moyen de l’énumération.
14 Règle quatorzième
La même règle doit s’appliquer à l’étendue réelle des corps, et il faut la représenter tout entière à l’imagination, au moyen de figures nues; de cette manière l’entendement la comprendra bien plus distinctement.
15 Règle quinzième
Souvent il est bon de tracer ces figures, et de les montrer aux sens externes, pour tenir plus facilement notre esprit attentif.
Chosmo epidermis est aussi un système complexe dynamique
- d’une part, au fur et à mesure de leur différentiation, les kératinocytes « filles » de la couche basale poussent vers l’extérieur les anciennes, les cornéocytes qui se détachent de l'épiderme.
-d’autre part, la flore se renouvelle également constamment, les micro-organismes meurent et remplacent les anciens.
Chosmo epidermis est un système Dynamique, et il est également Stationnaire.
Tout en restant reliées les unes aux autres dans le système complexe, chacune des entités (les super nœuds) assure le contrôle de la frontière entre l’extérieur et l’intérieur du corps. Par exemple :
- La perméabilité de la peau est maintenue constante par les bicouches céramidiques au rythme de la différentiation des kératinocytes.
- La flore est maintenue constante par le système immunitaire (voir la Peau et ses odeurs) (et j'y reviendrais)
À « barrière », qui a une connotation d’infranchissable, « frontière » est préférable. La frontière est contrôlée à la fois comme un « filtre » et est aussi un lieu de « négociation » entre Chosmo epidermis et les « agents » extérieurs, parmi ceux-ci il conviendrait de compter le sébum – j’y reviendrais certainement un jour – sans oublier les produits cosmétiques.
Deuxième objectif des mathématiciens : définir les nœuds et notamment les nœuds de Chosmo epidermis à l’état stationnaire. Sachant que l’absence d’un supernœud là où il devrait être peut également être riche en informations. J’utiliserais prochainement cette logique au sujet de l’amertume de la peau.
Dynamique, le système est donc stationnaire, au moins tant que rien de nouveau n’apparaît ni à l’extérieur, ni à l’intérieur.
En présence d’une perturbation, Chosmo epidermis n’a qu’un seul objectif restaurer l’état stationnaire.
Pour parvenir à cette restauration, il doit créer un état transitoire qui s’appuie à la fois sur l’état stationnaire qu’il a conservé « en mémoire » et sur l’état « perturbant ».
L’état n du Chosmo epidermis est défini à partir de l’état n-1 (celui de la perturbation) pour créer un état n+1 (celui escompté pour la restauration).
Nous aurions donc un système régit par une fonction itérative.
En général tout se passe bien et l'homéostasie est rétablie, mais ....
D’anciennes observations de populations de poissons ou la théorisation du chaos par Henri Poincaré nous apprennent qu’un phénomène soumis à une fonction itérative peut subir brusquement de grandes fluctuations, pouvant aller jusqu’à un chaos.
(chaos rendu célèbre par Lorenz (et Diderot) et les battements d’ailes d’un papillon amazonien provoquant un ouragan !)
Qu’en est-il pour Chosmo epidermis ?
Certains troubles de la peau seraient-ils les conséquences de ces fluctuations, ou même de ce chaos ? Seraient-ils les conséquences d’une perte de contrôle de la frontière ? Pourraient-elles provoquer des ulcérations, voire des cancers ?
Mathématiciens à vos vaisseaux !