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Publié par Jean-Pierre FORESTIER

Les représentations d’une femme obèse sont incompatibles avec le symbole de la fécondité.
Ces amulettes n'étaient-elles pas davantage des porte-bonheur de la … prospérité ?

Si la « coiffe de paix » de la Dame Willendorf est remarquable, c’est son obésité qui apparaît la plus mystérieuse.

« Dans quelle mesure [l’obésité de] cette statuette peut-elle fournir des indices sur les sociétés du Paléolithique ? »

Porte-bonheur de fécondité ? Déesse mère ? Grande Mère ? Mère primordiale ? Œuvre d'art ? Objet rituel ?

Fécondité ?

« la reproduction [et, donc, la fécondité] est en effet une fonction indispensable dans toute société » * note avec pertinence la philosophe Claudine Cohen à propos du paléolithique.

 

La « dame » de Willendorf est-elle « amulette porte-bonheur de la fécondité » ? et plus particulièrement de la circonstance la plus périlleuse de la vie d’une femme, l’accouchement. *?

Répondre positivement serait méconnaître la réalité de la biologie.

Les formes plantureuses de la Dame, sont celles d’une femme obèse.

 

Or, l’obésité est un facteur défavorable aussi bien vis-à-vis de la fécondité, de la grossesse que de l’accouchement.
Les
revues médicales indiquent notamment un risque
- de fausse-couche multiplié par deux ou trois,
- de gros bébé, rendant l’accouchement périlleux (contraignant souvent aujourd’hui au recours à la césarienne)   

- de complications, voire de mortalité post partum.
Par ailleurs le taux de fécondité est réduit (de 40%).

Obésité actuelle semble mystérieuse. Devrait-elle être étudiée selon les critères de la biologie des populations ? En effet :
- l'obésité se multiplie avec la surpopulation mondiale, comme si elle en était un élément de régulation !
- Quand les pauvres peuvent manger à leur faim, c'est eux qui deviennent obèses, tandis que les riches restent minces !

Néfaste à la reproduction, l’obésité était évidemment funeste à la survie de la tribu du Paléolithique.
Alors ?

Fines observatrices « des circonstances particulières et périlleuses de la vie d’une femme, et en premier lieu l’accouchement. * » les femmes du Gravettien auraient rapidement connu les périls de l’obésité.


Mais ont-elles réellement pu faire ces observations biologiques ?

De nombreuses statuettes gravetiennes « représentent » des femmes obèses. Par exemple, face à la Dame de Willendorf, celles découvertes sur le site d'Amiens, de Lespugue, de Kostenki et de Pech Merle (?)

Mais, des femmes obèses, réelles, étaient-elles en nombre suffisamment au paléolithique pour permettre aux Gravettiennes d'aboutir à des conclusions empiriques sur l'effet délétère de l'obésité chez une parturiente  ?

Et même, un seul obèse aurait-il pu vivre au paléolithique ? (voir deuxième partie)

_

Une contrainte de la survie chez les nomades du paléolithique est « Leur très grande mobilité, avec ce qu'elle impliquait d'endurance physique pour le transport de matériel sur de grandes distances, a été attestée notamment par l'étude de restes humains … . Ces traits morphologiques concernent aussi bien les adultes que les enfants, les hommes que les femmes. En ce qui concerne leur stature, leurs proportions effilées sont plus ou moins équivalentes à celles d'individus actuels. » **

Or la dame de Willendorf est tout sauf effilée ? Comment cette femme obèse aurait-elle pu marcher sur de grandes distances  ?

Aujourd’hui, hélas, environ 13% de la population mondiale est obèse.

N'est-ce pas seulement dans l’imaginaire des peuples du paléolithique ou,
plus encore, dans celui de ses « inventeurs/découvreurs » modernes, que la Dame de Willendorf est un porte-bonheur de la fécondité ?

Œuvre d'art ?

En faveur de l’imaginaire, la Vénus de Lespugue nous offre une corpulence stylisée à la limite de la difformité, et quasi limitée aux seins et aux fesses.

Dans la Venus de Lespugue révélée, Nathalie Rouquerol nous indique plusieurs « messages » qu’aurait transmis le génial artiste, comme :
- l’accouchement,
- les différents âges de la vie d’une femme,
- le regard vers son ventre 
…   

(Une autre statuette préhistorique, Les amants d’Ain-Sakhri donne également de multiples « messages » selon l’angle de vue)

Ce regard vers leur ventre "fécond", commun à plusieurs statuettes, ...

... ne relève-t-il pas d’un sens artistique, comme sur la photographie de Lee Miller Nude in bed

 

… ou encore de la soumission de la femme échangée entre les tribus (voir un prochain article sur l' Exogamie) ? comme l’exprime également les yeux cachés par la coiffe de coquillages ?

Prospérité ?

« Nous, chercheurs, sommes tombés dans le piège de la projection de nous-même dans notre sujet d’étude » confesse Ludovic Slimak à propos de Neandertal, mais cette humilité doit être généralisée à toutes les époques, même les plus récentes !
Par contre les contraintes biologiques suivent le genre Homo depuis son apparition.

Reprenons. L’obésité n’est pas favorable à la fécondité, mais peut être atteinte si quantité de nourriture est suffisante, c'est à dire si la tribu est prospère.

Quel que soit les circonstances où les artistes ont pu voir, ou imaginer, les Vénus-Dame obèses (nous y reviendrons dans la deuxième partie de cet article) celles-ci ne représentaient-elles pas la prospérité ?

… et pourrait être rapprochées du ...

Bouddha rieur

Cette statuette est considérée comme un symbole de chance, et passer les doigts sur la rondeur de son ventre est censé apporté la prospérité.

Que ce Bouddha, moderne, tienne un collier de perles, comme la Dame de Kostenki, pourrait-il indiquer une continuité de plusieurs symboles associés à la prospérité ?

Objet rituel ?

Nathalie Rouquerol, propose que ces statuettes gravettiennes auraient été destinées à être tenue dans la main.
Au creux de la main, une « vénus » obèse comme celle de Lespugue ou de Willendorf aurait-elle permis d’entrer en communication avec la Déesse mère ? la Grande Mère ? la Mère primordiale ? et d’obtenir d’elle la prospérité pour toute la tribu ?

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