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Publié par Jean-Pierre FORESTIER

« Surnommée anachroniquement "Vénus de Willendorf" [j'ai préféré la nommer Dame], l’objet intrigue les historiens. Dans quelle mesure cette statuette peut-elle fournir des indices sur les sociétés du Paléolithique ? »

Pour tenter de répondre à cette question, en 2021, Klaus T. Steindl a consacré à cette « vénus » un documentaire, complet diffusé sur Arte. (documentaire agrémenté d'une docu-fiction),

Autour de la Vénus de Willendorf, statuette du Paléolithique découverte au début du XXe siècle, un éclairage sur la place des femmes pendant la préhistoire.

Pour répondre à la question Quelle était la place des femmes au Paléolithique supérieur ? … de son côté, la philosophe Claudine Cohen, replace la « venus » :
« Découverte à Willendorf, en Autriche, cette statuette de calcaire a tous les traits typiques d’une vénus gravettienne [entre 28 000 ans à 22 000 ans avant notre ère] : une certaine obésité, des attributs sexuels soulignés, une face sans traits mais sur une tête portant une sorte de résille. »

Les préhistoriens et philosophes ne sont plus les seuls à être intrigués, ils ont été rejoints par les historiens de l’art comme le montre le récent l’article (mars 2022) paru dans Connaissance de l’art sous le titre définitif : Le mystère de l’origine de la Vénus de Willendorf enfin résolu.

(Le « mystère » résolu est l’origine du calcaire ayant été utilisé pour sculpter la statuette, Nord de l’Italie, alors que Willendorf est en Autriche, ce qui confirme les nombreux échanges parmi le peuple Gravettien)

Il pouvait sembler que depuis plus de cent ans après sa découverte, toutes les hypothèses concernant cette statuette ont été imaginées. L’actualité nous montre qu’aussi bien les philosophes, les historiens, que les media, s’interrogent encore sur le sens que l’artiste a voulu donner à son œuvre !

Avant d’ajouter les interrogations de biologiste sur le mystère de sa corpulence, observons d’abord sa coiffe.

Coiffe

Résille, nattes ou tresses enroulées ?

Et si la coiffe de la Vénus de Willendorf était constituée de rangées de coquillage ?

 

Celle de la « dame » de Cavillon, outre les coquillages, avait été agrémentée de prémolaires de cerf (peut-être en référence à ses activités de chasseresse, j’y reviendrais)

« La perruque, la capuche ou plus simplement une figuration de la chevelure » de la Dame de Brassempouy n’est-elle pas également une représentation stylisée d’une coiffe de coquillage ?

Ne sont-ce pas également des coquillages qui coiffent la Dame d’Amiens

Si ces curieuses coiffures de coquillages étaient communes il y a vingt ou trente mille ans, ne devaient-elles pas avoir une « fonction » partagée et reconnue par toutes les populations "européennes" de cette époque ? et intégrée aux réseaux sociaux à l'époque gravettienne ?

Dot ?

Les coquillages des coiffes étaient-ils une « monnaie d’échange » au sens commun actuel (depuis Crésus) ? Ne représentaient-ils pas davantage la confiance ? 

(Il est vrai que la monnaie est également basée sur la confiance, Crésus semble être le premier à avoir garanti une pièce en apposant au revers son poinçon personnel, et à l’avers un taureau et un lion, représentant la puissance. Et le célèbre roi de Lydie n’a pas été avare de représentations de sa puissance ! Le bœuf/taureau était également l’unité de valeur marchande commune aux agriculteurs et aux agro-pasteurs).

Garnies de coquillages, ces coiffes étaient-elles une « dot » ? c'est à dire un « bien apporté par l’épouse » ?

Sur la base de diverses fouilles archéologiques, Luc Moreau, suggère que ces coquillages étaient utilisés non pas pour « payer » des biens ou des services mais pour réaliser des « parures » de femmes ... échangées.

« le transfert de jeunes femmes d'un groupe à l'autre a dû être vital pour réduire la consanguinité »**

Ce qui a fait remarquer à Evelyne Heyer qu’au cours de l’histoire de « notre espèce, ce sont les femmes qui ont le plus bougé. » L’odyssée des gènes

Coiffe de paix ?

Plus de cent ans avant l’arrivée des premiers Européens, des peuples amérindiens du Nord-Est utilisaient une ceinture de coquillages et de perles, le wampum, pour sceller des traités. Le traité créant la « Confédération des Six-Nations », mit un terme aux guerres entre les nations iroquoises.

Ce sont des femmes, les « mères de clan » qui agirent, avec fermeté et démonstration (destruction de réserves de maïs) pour forcer les hommes à conclure ce traité de paix.
Par ailleurs, les mêmes « mères de clan » nommaient les chefs de ces clans, tout en ne participaient pas elles-mêmes au « grand conseils ».

Certes, les Iroquois, agriculteurs, sont très loin dans le temps et dans l’espace des Gravettiens, chasseurs-cueilleurs.

 

De plus, les Iroquoises assuraient l’exogamie en choisissaient leur époux dans un autre clan (matrilinéaire) au lieu d’être échangées et quitter leur tribu !

Mais n'est-il pas possible d’imaginer que les Gravettiennes portaient cette coiffe de coquillages, comme une figuration, comme le garant d’un pacte de paix entre des groupes préhistoriques de même culture ?
Une version ancienne des contrats de mariage ? Ces contrats ne traduisent-ils pas par écrit les accords conclus oralement ? Qu’ils soient figurés par une coiffe de coquillages, une ceinture de perles et de coquillages, ou un parchemin, le plus important ne reste-t-il pas l’accord entre les parties ?  

Une version ancienne des contrats de mariage ? Ces contrats ne traduisent-ils pas par écrit les accords conclus oralement ? Qu’ils soient figurés par une coiffe de coquillages, une ceinture de perles et de coquillages, ou un parchemin, le plus important ne reste-t-il pas les accords entre les parties ?  

Grande coiffe. Grand accord de paix ?

Pourquoi la coiffe de la dame de Willendorf est-elle aussi grande ? Allant jusqu’à la limite des yeux (ses yeux sont-ils cachés ou regarde-t-elle son ventre comme le suggère Nathalie Rouquerol à propos de la Venus de Lespugue révélée ?)

La vue d’artiste de la femme du paléolithique illustrant L’égalité des sexes au Paléolithique ? porte également des coquillages sur la tête mais modestement que sur deux rangées.

Portées lors leurs échanges, les femmes ne portaient-elles de nouveau les grandes coiffes à chaque cérémonie ?


 

Ces coiffes devaient être augmentées d’autres symboles (voir Fictions néoténiques) comme celle d’une espérance de générosité de la part de la puissante Nature.

Cette fonction « religieuse » pouvait se retrouver dans les inhumations, comme celle de la Dame de Cavillon. 

Les plus « riches » coiffes étaient-elles portées pour sceller les plus importants accords de paix ? ou par les plus « belles » femmes ?

« belle » ? Naturellement, les canons de la beauté n’étaient certainement pas ceux d’aujourd’hui (qui changent eux-mêmes régulièrement). Pour répondre aux contrainte de la vie de nomade, les belles du paléolithique ne devaient-elles pas être costaudes ? assez vigoureuses pour pouvoir porter des charges et marcher avec la tribu.

« Les études anthropologiques montrent que les femmes étaient aussi vigoureuses que les athlètes féminines modernes »

… les canons de la beauté nous amènent tout naturellement à la mystérieuse obésité de notre « vénus »

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