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Publié par Jean-Pierre FORESTIER

L’essentiel

Si la superposition quantique d’un « 0 » et d’un « 1 » choque notre raisonnement, notre cerveau,lui, sait très bien faire des superpositions.

Cette superposition apporte un charme enchanteur à un spectacle de danse.

     Le cerveau est capable de bien d’autres superpositions comme

- les conversations croisées

- pendant un spectacle cinématographique

Savoir utiliser son regard peu donner un plaisir supplémentaire !

 

J'ai la mémoire qui flanche, je me souviens plus très bien
De quelle couleur étaient ses yeux, j’crois pas qu'ils étaient bleus
Étaient-ils verts, étaient-ils gris étaient-ils vert-de-gris?
Ou changeaient-ils tout le temps de couleur, pour un non, pour un oui?

 

Chantait Jeanne Moreau

Cette superposition quantique surprend, voire agace.

Ou bien c’est « 1 » ou bien c’est « 0 ».

Ou bien ses yeux étaient gris ou bien il étaient vert-de-gris.

« Une proposition est ou bien vraie ou bien fausse. C'est là le principe du tiers exclu qui passait depuis Aristote pour une des bases de tout raisonnement et qui conserve un caractère d'extrême évidence au regard du sens commun. »

 

Pour relativiser, sans restriction, sachez que le principe du tiers exclu est une spécialité occidentale. Insensible à Aristote et à Descartes, l’« absorption des contradictoires » : le Chan , ne pose aucun problème pour le philosophe asiatique.

 

Même en restant en Occident nous allons voir que la superposition, et même les superpositions, ne nous sont pas complètement étrangères.

La première approche pourrait être celle du fantastique et du Chat du Cheshire d’Alice au Pays des merveilles.

Ce chat n’est et ou n’est pas. Il apparaît, il disparaît, réapparaît assis sur une branche puis disparaît « très lentement, en commençant par le bout de la queue et en finissant par le sourire »

Dans la version de Disney, quand il est, le chat apparaît par souvent par morceaux qui se superposent complètement ou pas.

Mais plutôt que le rationnel d’Aristote ou même le merveilleux de Lewis Carroll si nous faisons simplement appel à l’expérience de notre cerveau ? Celui qui flanche et qui ne flanche pas.

Quand nous écoutons de la musique produite par exemple par un quatuor, notre cerveau sait parfaitement superposer les sons des quatre instruments.

Si, comme le Chat du Cheshire, un des musiciens disparaît, même un non mélomane comme moi, s’en rend rapidement compte.

Restons dans l’exemple de l’ouïe, vous avez déjà certainement participé à des conversations croisées quand vous êtiez plusieurs à une table. Le cerveau sait parfaitement sélectionner une des conversations et ne pas écouter l’autre. Mais si votre prénom est prononcé par les autres interlocuteurs, vous réagissez. Votre cerveau superposait votre conversation avec celle des autres. 

 

Le croisement des conversations est totalement inexplicable par la mécanique classique. Si les biologistes acceptaient de faire le saut vers la biologiste probabiliste, ils comprendraient mieux ce qui se passe dans notre oreille ! mais c’est une autre histoire …

… que j’ai un peu abordée pour un autre sens : l’odorat.

… La différence entre l’écouter et l’entendre est la même que celle qui oppose la vision périphérique et la vision centrale (voir § Danse), ce qui montre que c’est le cerveau qui gère les données fournies par les organes des sens (oreille, œil, nez …) et pas les organes eux-mêmes, mais c’est aussi une autre histoire

 

Vous m’objecterez qu’il s’agit uniquement de sons, mais il me semble pourtant que vous commencez à accepter la possibilité d’une certaine superposition.

 

Voyons un autre exemple : vous regardez un film.

S’il y a de la musique en arrière fond, votre cerveau superpose cette musique avec l’image. Et comme la musique est bien faite, elle se superpose avec l’action du film, ou avec l’émotion que le cinéaste a voulu vous communiquer.

Et même, tout en suivant l’histoire et entendant la musique, vous pouvez également superposer :

- la beauté des actrices et/ou acteurs, 

- le talent de leur jeu,

- l’esthétique apportée par l’éclairage, dont Casablanca est un exemple remarquable.

- le montage, la succession des plans, surtout quand ils sont, disons, contestables comme celui du Gatsby le Magnifique de Baz Luhrmann.

 

Vous entrevoyez que notre cerveau semble savoir superposer, non seulement deux mais plusieurs informations.

Un spectacle de danse est certainement l'exemple des plus merveilleuses superpositions.

La musique ajoutée aux mouvements des danseurs, c’est déjà de la superposition.

Mais pour nous enchanter, notre cerveau sait faire bien davantage.

Vous vous souvenez que nous avons deux visions, qui n’ont pas du tout les mêmes fonctions

- la vision périphérique, plutôt spécialisée dans la détection des mouvements.

- la vision centrale, utilisée dans la recherche d’une bonne précision, par exemple pour reconnaître un visage ami.

Dans le Lac des cygnes, le couple de danseurs étoiles est au centre et une rangée de danseuses est placée de chaque côté de la scène.

Ces rangées ne sont pas perpendiculaires à la scène mais légèrement inclinées. Je présume que l’angle doit être de 23°, le plus propice, pour notre cerveau, à la plus agréable perspective. Sachant que notre cerveau aime aussi être surpris !

Ne sommes-nous pas chacun de nous la superposition d’un Régnant et d’un Conquérant ?

« À leur manière, les savants, les artistes [les chorégraphes] et les poètes, surtout les poètes, sont des Conquérants.

L’ambition des Conquérants, même s’ils volent perpétuellement de victoire en victoire, est bornée par celle des Régnants. Un savant, un artiste [un chorégraphe], un poète devient-il adulé, digéré, utilisés par les Régnants, d’autres se lèvent prêt à de nouvelles conquêtes. »

 

 

Les deux rangées de danseuses sont parfaitement symétriques de part et d’autre du couple central.

Les danseuses latérales effectuent des « mouvements » différents de ceux du couple central.

Inutile de changer la direction de notre regard, nous superposons parfaitement les deux visions, la centrale et la périphérique ; en plus de la superposition avec la musique.

Pour le plus grand plaisir de notre cerveau, le chorégraphe a parfaitement su jouer avec nos visions.

Quand les deux rangées de danseuses sont en mouvements, et que nos deux visions sont  sollicitées le couple central devient légèrement flou, apportant un peu plus de féerie à ce moment du ballet.

Puis les danseuses latérales se figent et notre cerveau se concentre sur le couple central, faisant resurgir la réalité dramatique. 

Toutes ces conjugaisons d’harmonies de nos deux visions, toutes ces merveilles, le chorégraphe les a crées avec la (grande) intelligence naturelle de son cerveau humain.

 

Il a su également utiliser une autre performance de notre cerveau, l’appréciation très fine de la symétrie.

En terme de biologie de l’évolution, cette faculté permet, à notre cerveau, de repérer un « bon » partenaire puisque la symétrie reflète de « bonne qualités génétiques », une bonne résistance aux parasites, etc.  et éventuellement, si on est un Conquérant, ne pas en tenir compte 

 

Rappelons aussi que le cerveau n’utilise que 10% des informations que lui transmet l’œil. 90% sont des « réarrangements » de tout ce que le cerveau possède déjà  

La symétrie des deux rangs de danseuses, renforce la symétrie des mouvements du couple central et amplifie le plaisir de notre cerveau.

 

 

Exactement comme des boucles d’oreilles pendantes, mobiles et symétriques rend un visage plus symétrique et plus agréable à regarder.

 

La « superposition » est en lui-même un procédé chorégraphique répertorié, sa définition est :

Deux groupes de danseurs. Chaque groupe a un motif original. Les deux groupes dansent en même temps sur le même espace.

Là aussi quand nous regardons un des groupes, notre cerveau superpose par « vision périphérique » les mouvements de l’autre.

 

Pour vous récompensez d’avoir lu mon texte jusqu’à ce paragraphe, je vous propose une expérience qui enchantera un peu plus votre cerveau lors du prochain spectacle de danse.

Avez-vous fait l’expérience de la vision « à l’infini » ?

Dans une des scènes qui se déroulent dans le château du Lac des cygnes, regardez la danseuse centrale comme si elle était à l’infini. Vous perdrez un peu en netteté, mais vous aurez un plaisir global de la grâce de tous les mouvements, non seulement ceux de la danseuse, mais aussi de tous les danseurs qui sont sur la scène.

Ce plaisir ne mobilise que la vision périphérique, il n’y a pas de superposition, mais cet instant de la chorégraphie ne s’y prête pas.

C’est un cas où je donne raison à Merleau-Ponty quand il affirme qu’il n’y a pas de différence entre regarder et voir.  

Par cette vision à l’infini, vous remarquerez aussi que toutes les personnes présentes sur scène sont parfaitement immobiles, sauf les danseurs, évidemment ! Les chorégraphes connaissent leur métier.

Magnifiée par la danse, la superposition est donc tout à fait banale pour notre cerveau.

 

 

 

 

 

Et si, justement, notre cerveau était quantique ?

 

Intelligence Artificielle

Dans son court-métrage de science fiction, Its No Game, annoncé comme réalisé entièrement par IA, David Hasselhoff a inclus de la danse, dont la chorégraphie doit également tout à l’Intelligence Artificielle.

Est-ce le début d’algorithme d’aide à la chorégraphie ? Peut-être. Mais le merveilleux d’un ballet ne sera jamais remplacé par un ordinateur.

Un jour l’Intelligence Biophysique devrait parvenir à faire un pas de deux, mais est-ce vraiment souhaitable ?

Par une domestication réciproque, en domestiquant le blé … la chèvre …, l’Homme a été lui-même domestiqué. davantage les « sages » Régnants que les « sauvages » Conquérants.

    Domestiqué, l’Homme avait besoin de Maîtres, il en fit des Dieux. Ce furent de puissants bisons, lions ou taureaux ; puis il les fit à son image, puis il n’en garda qu’un seul universel, puis vint le numérique, les GAFA et la religion du S-phonisme.

     Comme toute religion, le S-phonisme a son objet rituel : le Smartphone.

     Par l’intermédiaire du Smartphone, pour la première fois dans l’Histoire de l’Humanité, les Dieux répondent aux Hommes.

     Nouveau symptôme de névrose obsessionnelle, le rituel religieux du Smartphone fait entrer l’humanité dans une nouvelle phase de domestication.

    Homo sapiens devient-il Homo S-phoniens ?

   Comme les anciens dieux, les GAFA rassurent mais aussi surveillent et inspirent la crainte.

     Les Réseaux sociaux sont les nouvelles églises du S-phonisme, pour le meilleur et pour le pire.

    Les GAFA échoueront dans leur volonté de remplacer notre intelligence par leur Intelligence Artificielle et déterministe. Ils périront de cet échec.

    En les détrônant, les « sauvages » Conquérants ouvriront de nouveaux espaces de diversité et de liberté, qui seront bientôt … repris et gérés par des sages Régnants ... qui feront entrer l’humanité dans la phase suivante de … domestication.

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