08.02. Notre mémoire, Paul Cézanne
Les couleurs vibrantes de L’étang Jas de Bouffan de Paul Cézanne sont-elles celles du mouvement, celle du moindre mouvement perçu par la vision périphérique ?
Est-ce un sur-développement de sa vision périphérique qui a permis à Paul Cézanne d’exprimer son style ?
Le génial artiste permet de répondre à la question posée en introduction de l’article 08. Du flou dans la mémoire des visages et de généraliser la réponse à toute « l’étude concrète de la nature ».
La nature que nous avons devant les yeux nous est mieux perceptible quand elle est floue, si ce flou est celui de la vision périphérique ? C'est ce flou que nous mettons en mémoire
De simples observations montrent que le « flou périphérique » est aussi un « flou intelligent »
La reconnaissance faciale peut-elle bénéficier d’un floutage de mouvement ?
La vision périphérique apporte-t-elle du relief ? comme j’ai pu l’observer sur/dans Verre et pommes de Cézanne ?
Les caractéristiques de la vision latérale et de la vision périphérique sont rappelées dans un chapitre particulier
… ainsi que la vision périphérique dans l’art chorégraphique et
... dans la conduite automobile.
... et le golf.
C’est au cours d’une conversation sur ce sujet passionnant, qu’un artiste peintre et sculpteur, Christian Jarczyk (ci-contre une de ses œuvres), m’a orienté vers Paul Cézanne.
Bien que « flous », selon cet ami, les tableaux de Cézanne seraient « immédiatement reconnaissables »,
… plus exactement ce qui est représenté sur ses tableaux de Cézanne serait immédiatement reconnaissable, mieux reconnus que si les tableaux étaient parfaitement « nets ».
Une telle association entre la reconnaissance et le flou a immédiatement aiguisé ma curiosité de biophysicien.
Le flou « artistique » de Cézanne était-il en relation directe avec la physiologie de notre mémoire ?
Autre remarque :
Quand nous regardons un tableau, notre regard est obligé de parcourir avec notre vision centrale petite région après petite région tandis qu’avec un tableau de Paul Cézanne nous voyons, avec notre vision périphérique, immédiatement l’ensemble du tableau.
Je vous propose de partager mes découvertes, certaines merveilleuses, d’autres banales mais utiles à rappeler.
D’après le site Peintre Analyse.
« Bien qu’appartenant à la génération des impressionnistes, le style de Paul Cézanne est très personnel par la touche légère, l'éclaircissement de la palette, les couleurs vibrantes ;
mais au terme de son évolution ses toiles sont composées uniquement de formes-couleurs …
… une vibration particulière … explique l'aspect inachevé de certains de ses tableaux. »
Dès les premiers tableaux, proposés après une recherche sur Internet, L’étang Jas Bouffan me fournit des exemples de ces vibrations, de ces formes-couleurs, de ces touches légères :
Vibrations
Dans cette œuvre, les feuilles des arbres du tableau représenteraient-elles non pas les feuilles elles-mêmes, mais leurs vibrations, perçues et transposées par l’artiste ?
Chaque tache de couleur serait-elle celle d’un mouvement ?
Formes-couleurs
De même, les formes-couleurs de l’eau de l’étang ne sont-elles pas « que » les vibrations continuelles des formes et des couleurs apportées par les mouvements de l’eau ?
De même que les ocelles et les ombres portées sur les murs ?
Les touches légères …
… traduisent-elles les éphémères changements continuels d’éclairage, d’ombres et de lumières ?
Le style très personnel de Paul Cézanne serait-il celui d’une vision propre à cet artiste ?
Pour répondre à cette question commençons par un rappel des visions que l’œil humain a à sa disposition.
Si ce rappel ne vous semble pas utile, cliquer sur : aller directement à l’analyse de la vision de Paul Cézanne
L’œil humain permet deux types de visions, la centrale et la périphérique
La vision centrale permet de regarder des détails avec précision, même de loin. C'est cette vision qui est utilisée inconsciemment lorsqu'on fixe quelque chose.
En terme physiologique, la vision centrale :
- est située dans le prolongement de l'axe visuel de l'œil (elle est obtenue par la zone centrale de la macula : la fovéa )
- ne représente que 1% d’angle solide (Ω) de la totalité de la vision
- mobilise 50% du nerf optique et du cortex visuel.
- est lente, elle ne permet de « traiter » que trois à quatre images par seconde
La vision périphérique permet de voir « du coin de l'œil », ou plutôt, elle permet de voir de tous les « coins de l’œil » à la fois, tout ce qui est situé autour de la vision centrale.
Chez l’enfant, la maturation du champ visuel périphérique est la plus rapide, elle atteint pratiquement celle de l’adulte à l’âge de douze mois. À l’inverse, la sensibilité au contraste est la plus lente.
Peu précise, la vision périphérique donne des images déformées, (floues) mais dynamiques.
Elle permet une perception à la fois globale, ultrarapide et continue …
En effet, dans l’œil, les mouvements ne sont pas reproduits image par image, comme au cinématographe, mais sont des flux continus de signaux électriques transmis au cerveau.
Voir l’excellent article de Jean-Gaël Barbara sur ce sujet
Il en est certainement de même pour d’autres sens, l’ouïe évidemment, mais aussi l’odorat ; voir Théorie ondulatoire des odeurs dans le Voyage dans l'archipel de Chosmo epidermis
La vision périphérique permet la perception à la fois globale et ultrarapide ...... notamment des moindres mouvements
Le guetteur, par exemple
Au fort de Belonzio qui domine la plaine
D'où l'ennemi viendra …
… apprend à regarder à l’infini. Il privilégie ainsi sa vision périphérique et est alerté par le moindre mouvement, celui que peut faire un ennemi qui vient.
Si, en bas d’un amphithéâtre, vous regardez les étudiants avec la vision à l’infini, votre champ visuel englobe l’amphithéâtre dans sa totalité et vous voyez tous les mouvements.
Vous voyez même davantage les mouvements que le reste. La vision périphérique ne vous permet pas de distinguer nettement chaque étudiant, leurs vêtements deviennent une tache de couleur, par contre vous voyez parfaitement chaque bras qui bougent, chaque tête qui tourne.
[ Les étudiants qui tentent de tricher ne sont pas ceux bougent le plus, instinctivement, pour masquer leur forfait, ils cherchent à être le moins visibles possible, c'est-à-dire le plus immobile possible ! ]
Vous pouvez aussi tenter l’expérience de la vision à l’infini sur une plage, comme celle (magnifiquement) photographiée par Massimo Vitalli.
Vous verrez que même les personnes allongées sous le soleil sont très agitées.
Plus largement, la vision périphérique alerte de toute modification anormale dans le champ visuel.
« Archaïque, elle permet à l’homme d’éviter ces mille hasards, mille ennemis qui sont aux aguets. » Schopenhauer ( Le Monde comme volonté et comme représentation),
Ultrarapide
Le temps de réactivité à la vision périphérique est de 70 millisecondes (et même sans doute moins).
– environ cinq fois plus rapide que l’analyse données par la vision centrale.
Comme il était possible de s’y attendre, cette vision est gérée par une région du cerveau archaïque : l’amygdale cérébrale.
Ce temps de réaction est si rapide qu’il est inférieur à la prise de conscience par le « reste » du cerveau !
Par exemple : pendant que je marche sur un chemin, je réagis par un mouvement de recul avant de m’apercevoir que ce bâton sur le bord n’est pas un serpent mais un morceau de bois dépassant d’un fourré.
L’alerte peu être directe ou indirecte.
Ces mille hasards et ces mille ennemis peuvent être indirectement connus par des informations sociales élémentaires, comme la perception de la peur sur le visage d’une personne, même si ce visage est très flou (HSF). Voir 08. Du flou dans la mémoire des visages. § Informations sociales.
Dans ce travail de Bryan Strange, le visage présenté est fixe, ce qui montre que la vision périphérique n’est pas seulement sensible aux mouvements, mais plus généralement de tout ce qui est « anormal »
La scène suivante, bien que très banale, montre la puissance de la vision périphérique :
Une jeune femme en jupe peut être un peu courte est assise avec des amies en retrait à la terrasse d’un café. Un client traverse la terrasse et pendant moins d’une seconde son regard se porte vers la partie découverte de la cuisse. L’homme est complètement sur le côté par rapport au regard de la dame, et pourtant celle-ci, d’un geste rapide tire un peu sur sa jupe
(inutilement, et peut-être pour confirmer l’attention qui doit être portée à sa jupe un peu courte, mais c’est une autre histoire … ).
La jeune femme a effectué son geste sans faire varier la direction de son regard ni sa conversation avec ses amies. De son côté, l’homme a continué son chemin et abandonné ce qu’il a regardé un si court instant. La scène n’a duré que quelques secondes.
Cet exemple montre l’acuité remarquable de la vision périphérique. Il a fallu que l’œil de la jeune femme voit non seulement la tête de l’homme se tourner mais surtout qu'elle voit le regard de celui-ci se porter vers sa très partielle nudité. Cette opération a demandé une extrême précision dans la perception des mouvements et sans doute une attention subliminale particulière de cet œil-cerveau (ici féminin) envers les yeux des personnes présentes dans le champ visuel global.
Ce ne sont pas seulement les moindres mouvements qui sont perçus, mais notre cerveau est capable d’opérer des sélections parmi la globalité de l’environnement.
L’expression des visages d’autres être humains fournit des informations indirectes (voir le § alerte indirecte)
Encore plus sélectivement, un regard est discerné et interprété.
Pourtant ces yeux sont à une dizaine de mètres et ne représentent qu’un très faible angle de vision, égal, voire inférieur, à l’angle de la vision centrale (1° d’angle solide).
Ce qui démontre, s’il le fallait encore, la particularité du « flou » de la vision périphérique.
Gérer par le cerveau, il faudrait le qualifier de « flou intelligent »
La vision périphérique est-elle celle d’un « flou intelligent » ?
Le cerveau interprète et reconstruit l’environnement en fonction des informations qu’il reçoit et aussi de celles qu’il a « en mémoire »
La « modification anormale » dans l’environnement, ces « mille hasards, mille ennemis », sous-entendent un apprentissage, un apprentissage, c'est-à-dire une mise en mémoire, de tout ce qui est « normal » et "ami".
Le système de vision œil/cerveau est un dispositif adaptatif de détection de ce qui est normal et anormal
Par exemple : la forme d’un serpent, mais aussi qu’un serpent puisse se trouver sur un chemin.
Tout ce qui normal, et anormal, a été mis en mémoire dès la naissance,...
... et sans doute même avant en ce qui concerne les sons, et peut être même les goûts et les odeurs via les sensations éprouvés par la mère, mais c’est une autre histoire
Si les informations emmagasinées pour éviter ces mille hasards, mille ennemis qui sont aux aguets sont apportées par la vision périphérique, elles peuvent être et restées floues.
Le flou est suffisant.
De plus, floues elles prennent beaucoup moins de place que des informations précises. (voir 09. Emmagasinage de notre mémoire)
voir aussi § Floutage de cet article
La physiologie de l’œil de Paul Cézanne était-elle particulière ?
Il a suffit au critique d'art Joris-Karl Huysmans d’observer les œuvres du peintre pour « diagnostiquer » une maladie oculaire :
« Un artiste aux rétines malades, qui dans l'aperception exaspérée de sa vue, découvrit les prodromes d'un nouvel art. »
(prodrome = Fait qui présage à un événement, qui constitue le début d'un événement. CNRTL)
Ce sont bien les « rétines » que dénonce Joris-Karl Huysmans. Il ne s’agit pas de myopie. Paul Cézanne n’était pas myope.
(… même si cette myopie est indiquée sur des corrigés d’épreuves … du baccalauréat !)
La myopie est un trouble de la vue provoquée par un défaut de cristallin, pas par un défaut de la rétine.
Si les tableaux de Cézanne sont flous, ce flou n’est pas celui de la myopie.
Si les tableaux de Cézanne sont flous, ce flou n’est pas celui de la myopie.
Il s’agit d’un flou que le cerveau sait parfaitement gérer.
Mais quelle était la maladie des rétines de Paul Cézanne ?
Le peintre des vibrations est-il le peintre des mouvements, plus exactement, est-il le peintre des micro-mouvements ? Ces modifications anormales de l’environnement pour lesquelles la vision périphérique est la plus sensible ; mais aussi la plus « floue ».
Paul Cézanne peignait-il avec sa vision périphérique ?
Serait-ce cette vision qui donne à ses tableaux un aspect inachevé ?
Cette « aperception exaspérée » de « rétines malades » serait-elle sur-perception de la vision périphérique ?
Normalement la vision centrale et la vision périphérique (voir le § Cerveau et mémoire floue) de l’œil fonctionnent de manière harmonieuse.
Paul Cézanne souffrait-il d’une faiblesse de sa vision centrale qui, sans aller jusqu’à une dégénérescence maculaire juvénile, avait, par un processus d’adaptation, sur-développé sa vision périphérique.
Même si, comme l’écrit lui-même Cézanne :
« Il faut se méfier de l’esprit littérateur qui fait si souvent le peintre s’écarter de sa vraie voie — l’étude concrète de la nature — pour se perdre trop longtemps dans des spéculations intangibles » Lettre de Cézanne à Émile Bernard du 12 mai 1904. (source Wikipédia)
... le flou de Paul Cézanne n’est pas un « flou artistique » au sens habituel de cette expression.
Le flou de Paul Cézanne serait le flou de la vision périphérique, un flou intelligent.
La « nature », celle dont le peintre ne doit pas s’écarter est-elle mieux perceptible quand elle est floue ?
« l’étude concrète de la nature » est-elle celle d'une vision globale des mouvements ?
La nature concrète, celle que nous avons devant les yeux, est-elle mieux perceptible si elle est floue ?
Flou, oui, mais pas n’importe quel flou, ce serait le flou de la vision périphérique, ce serait le "flou intelligent"
La nature concréte est-elle constituée d’« objets cognitifs » issus de la vision périphérique ?
Est-ce cette nature floue que l’apprentissage permet de mettre en mémoire ?
Cette mémoire d’une nature flou permet-elle que ce qui est représenté sur ses tableaux de Cézanne soit immédiatement reconnaissable, mieux reconnus que si les tableaux étaient parfaitement « nets », comme me l’a soufflé l’artiste peintre et sculpteur, Christian Jarczyk.
Bien entendu, il n’est pas suffisant d’utiliser sa vision périphérique pour peindre L’étang Jas de Bouffan, il faut le génie de Paul Cézanne.
Le flou de Cézanne n’est pas seulement un « flou intelligent »,
le flou de Cézanne est un « flou génial »
Tout en considérant le flou transcrit par les « rétines malades » de Cézanne comme génial, il est tentant d’utiliser des floutages informatiques.
Plusieurs logiciels, comme par exemple Photofiltre, proposent des filtres apportant du flou, y compris un « flou de mouvement », qui pourrait s’apparenter à celui de la vision périphérique.
L’utilisation de filtre/effet d’optique/flou … donne les résultats suivants :
Il convient de remarquer que les tailles de ces images sont en Ko, : 24,4 (pour l’original) ; 15,9 ; 14,7 (respectivement pour les deux flous),
ce qui pourrait confirmer qu’une image floue de mouvement prend moins de place dans l’emmagasinage. Voir § Cerveau et mémoire floue
Bien entendu, il s’agit de pures spéculations, mais le flou de mouvement horizontal semble le plus proche de l’autoportrait,
de celui où Paul Cézanne montre une « exaspération » lasse.
Le flou gaussien pourrait se rapprocher de l'apparence donnée par la myopie.
L’exaspération lasse qui transparaît dans l’autoportrait est-il une représentation « concrète de la nature » ? Si oui; cette impression sur la nature psychologique de Paul Cézanne pourrait même être qualifiée de grande précision.
Si cette peinture a été réalisée avec le flou d’une vision périphérique sur-développée, ce flou ne serait-il pas un exemple à suivre pour la reconnaissance des visages ? voire une parfaite précision des sentiments exprimés ?
Le « flou » utile pour la reconnaissance faciale serait-il celui de la vision périphérique ?
L’optimisation par une « simple » compression de données proposée par Gintare Karolina Dziugaite
Voir 08. Du flou dans la mémoire des visages ...
… ne pourrait-elle pas être optimisée par une combinaison avec un filtre de flou de mouvement horizontal ?
Le succès de ces combinaisons de traitements informatiques suppose que l’ordinateur binaire à silicium (actuel) utilise une analyse biomimétique de celle de l’œil humain, ce qui n’est évidemment pas le cas. Mais elle pourrait le devenir avec des microprocesseurs vectoriels à matériaux ferroélectriques (ceux du futur) dont, je le rappelle, ce matériau pourrait être un simple Nylon® !
Puisque la vision périphérique est d’abord celle des moindres mouvements, la meilleure optimisation ne serait-elle pas d’introduire un mouvement, celui qui donne, par exemple : l’exaspération lasse, ou le galop du cheval.
Pour arriver à ce résultat, chaque pixel facial ne pourrait-il pas être remplacé par une « animation » .gif ?
Selon le critique d'art Joris-Karl Huysmans, Paul Cézanne est « Un artiste … qui … découvrit les prodromes d'un nouvel art. »
Pour Peintre Analyse : « Sans Cézanne il serait impossible de comprendre l'évolution qui a mené au Cubisme et au Fauvisme. »
Serait-ce l’hyper sensibilité de la vision périphérique de Cézanne qui aurait inspiré un nouvel art ?
Même si l’artiste aux rétines malades produisit les prodromes d'un nouvel art, le Fauvisme semble difficilement reconnaissable comme une « étude concrète de la nature ».
Ce mouvement pictural obéit à une recherche consciente (et non pas celle de "rétines malades") de l'intensité de l'expression, d’une simplification des formes et de l'utilisation de couleurs pures juxtaposées (source Google)
Femme au chapeau d’Henri-Matisse
Concernant la reconnaissance faciale, en faisant apparaître Dora Mar à la fois de face et de profil, Pablo Picasso rappelle le moyennage réalisé à partir de plusieurs photographies de Bill Clinton par l’équipe du département de Psychologie de Université de Glasgow (voir 08. Du flou dans la mémoire des visages)
Le cerveau reconstruit le relief de multiples façons, … et pas seulement à l’aide de la vision stéréoscopique binoculaire. De nombreuses informations visuelles, et de mémoires, permettent au cerveau l’appréciation du relief.
Pascal Grasland en fait un inventaire très complet dans la Vision du relief, par exemple pour l’utilisation de la perspective, ci-contre
À ces informations statiques, le cerveau ajoute des informations issues des mouvements, c'est-à-dire les flux visuels puisque notre champ visuel est face à un perpétuel mouvement.
Le cerveau utilise à la fois la vision centrale et la vision périphérique. Mais la première ne concerne que seulement 1° d’angle, la vision périphérique traite donc 99% de notre champ visuel. Il est donc vraisemblable que c’est la vision périphérique qui apporte les principales informations sur le relief.
La vision périphérique sur-exprimée de Paul Cézanne apporte-t-elle du relief ?
Pour en juger, bien que cela soit assez difficile, il faut essayer de regarder Verre et pommes avec une vision à l’infini par exemple juste au dessus du tableau. Même si cela ne dure qu’un court instant, j’espère que, comme moi, vous verrez des pommes jaillirent du tableau comme si elles étaient posées devant vous, en trois dimensions, n’attendant que d’être prises pour être dégustées.
Des pommes, mais pas toutes ! Le plus surprenant est la disparition, au moins pour moi, de la pomme verte. Elle est pourtant en plein milieu du tableau.
Cette mise à l’écart de la pomme verte pourrait s’agir d’un dessein du peintre.
Du point de vue de la biophysique, l’explication pourrait être une sur-appréciation de la proximité d’un objet rouge par rapport à un objet vert. Cette « variation d’accommodation » pousserait la pomme verte à l’arrière plan où elle disparaîtrait dans le gris fluctuant de la table.
Quant au blanc du torchon, et son reflet vertical dans le verre,
devient-il une sorte d’obstacle à la gourmandise posé par Paul Cézanne ?
Le flou génial de la vision périphérique de Paul Cézanne traduit-il non seulement les vibrations mais aussi le relief ?
Privilégier la vision périphérique peut être une façon de profiter davantage du génie de Paul Cézanne, et aussi d’autres arts que la peinture.
J’ai évoqué le spectacle des amateurs de bains de soleil dont la perception de tous les mouvements peut vous distraire la prochaine fois que vous serez sur une plage mais, même si savoir profiter des bienfaits du soleil est un art (voir La Beauté au soleil)
je vous propose d’utiliser vos visions pour mieux profiter d’un spectacle d’art chorégraphique.
Dans la célèbre scène de l’acte II du Lac des cygnes, le couple de danseurs étoiles est au centre et une rangée de danseuses est placée de chaque côté.
Quand les deux rangées de danseuses sont en mouvements (différents de ceux du couple, mais parfaitement symétriques par rapport au centre de la scène), nos deux visions sont sollicitées, la périphérique pour les rangées de danseuses et la vision centrale pour le couple. Celui-ci devient légèrement flou, apportant un peu plus de féerie à ce moment du ballet.
Au moment où les danseuses latérales se figent, notre cerveau se concentre sur le couple central, faisant resurgir la réalité dramatique.
N’est ce pas tout l’art de la chorégraphie !
Pour bénéficier davantage du charme de la chorégraphie, vous pouvez utiliser votre vision périphérique à d’autres moments du ballet.
Par exemple dans les scènes qui se déroulent dans le château du Lac des cygnes, regardez la danseuse centrale comme si elle était à l’infini. Vous perdrez un peu en netteté, mais vous aurez un plaisir global de la grâce de tous les mouvements, non seulement ceux de la danseuse, mais aussi de tous les danseurs qui sont sur la scène.
Par cette vision à l’infini, vous remarquerez peut être aussi que toutes les personnes présentes en arrière plan et sur les côtés de la scène sont parfaitement immobiles. Si l’un d’entre eux se grattait le nez, notre vision serait pollué et notre plaisir déprécié !
Parmi tous les fantasmes de conception de la voiture « autonome », Il semble que les ingénieurs aient occulté, ce qu’aurait pu leur souffler un biophysicien, en l’occurrence qu’un humain conduit sa voiture en utilisant sa vision périphérique.
Vous vous intéressez par exemple du coin de l’œil à cet enfant qui joue sur le trottoir et qui pourrait bien suivre son ballon au moment où vous serez à sa hauteur, ce que ne savent pas faire les ordinateurs actuels.
Sensibilité au champ magnétique
Des récepteurs de l’œil servent au rouge gorge migrateur, Erithacus rubecula, à s’orienter dans l’espace
Revoir : Un oiseau qui voit l’inclinaison du champ magnétique
Notre œil serait-il, également, sensible à d’autres ondes électromagnétiques que la lumière ?
Notre œil, possède non seulement des cellules destinées à fournir des « images » au cerveau, mais aussi des cellules ganglionnaires.
Sécrète-t-il, comme chez le tétra (un poisson, voir L’œil gourmand ) des neuropeptides qui stimulent notre appétit, la prise de nourriture et, par conséquent, une augmentation de la masse graisseuse ?
Paul Cézanne aurait certainement été un excellent golfeur, puisque pour pratiquer ce sport avec quelques espérances de succès, il faut utiliser sa vision périphérique, je dirais même uniquement sa vision périphérique.
Simone Thion de la Chaume 1924
Voir aussi Vision périphérique dans Intelligences artificielles
Pour tous les bienfaits de la lumière, donc du soleil, (pas seulement en jouant au golf) vous pouvez relire :
- le soleil pour le plaisir de l’odorat
- le soleil pour éviter la myopie
- le soleil pour éviter le stress et la douleur, au moins chez le dentiste
- le soleil pour soigner, et éviter (?) les maladies neuro-dégénératives
de la page La Beauté au soleil
Sans oublier que
certaines « glandes photosensibles » de l’œil synchronisent le système chrono biologique.
La complexité du cerveau nous projette dans l’étrangeté et le mystérieux.
Un probabilisme dans le cognitif a déjà été observée dans les années soixante.
Un vecteur ferroélectrique serait-il « quantique » quelque soit le matériau qui forme ce vecteur? dans ce cas il serait « quantique » à la température du corps !
Faudra-t-il inventer une « physique du mnésique » ? La biologie se situerait-elle à la frontière entre la physique quantique et la physique classique ?
Une physique de la ferroélectricité sera-t-elle celle de notre mémoire ? comme pourrait le suggérer le « memcomputing » ?
Les protéines de mémoire sont-elles capables de « stabiliser » des spins électroniques intriqués, que le passage d’un influx nerveux suffisant modifierait ?
Les étranges superpositions dont notre cerveau est capable sont-elles quantiques ? de même que la détection des odeurs.