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Publié par Jean-Pierre FORESTIER

L’étude TAME = Cibler le vieillissement avec la Metformine ; pourrait être enrichie de deux études récentes (axées sur le Covid-19)

La fréquence des « cancers,  (plus particulièrement le cancer du sein œstrogène dépendant)
         des
maladies cardio-vasculaires,
         des
mortalités toutes causes confondues et le
         déclin cognitif »
semblent diminuer par la prescription de metformine.

Les décroissances des fréquences des maladies cardiovasculaires et surtout de la « démence » pourraient relancer les recherches sur le rôle du microbiote intestinal, notamment sur la maladie d’Alzheimer

 

Le champ d’étude de Targeting Aging with Metformin (TAME = Cibler le vieillissement avec la Metformine) entreprise par la Clinique Mayo (Rochester, Minnesota, USA) porte sur « les cancers, des maladies cardio-vasculaires, des mortalités toutes causes confondues et le déclin cognitif. »
Selon le projet TAME, la metformine est prescrite à des NON diabétiques pour éviter/ralentir le vieillissement

Le glucose se fixe spontanément (chimiquement, sans catalyse enzymatique) sur les protéines, le produit de cette glycation est une protéine glyquée. Plus le taux de glucose est élevé, plus le taux de protéine glyquée est élevé. La glycation des protéines provoque à une altération des leurs fonctions : catalyse enzymatique ou la perte d’élasticité des protéines de structures (collagène, élastine, tonofilaments). La glycation des protéines est un facteur important du vieillissement cellulaire)
L’hémoglobine glyquée est la protéine la plus accessible aux dosages sanguins.

Deux études récentes concernent les effets de la prescription de metformine, à des diabétiques (au moins 90% d'entre eux sont censés l'être).
Même si leurs objectifs ne sont pas ceux de TAME, mais le Covid-19, (
Voir
Metformine, Covid, Mortalité.)
 il est possible d’en extraire indirectement quelques enseignements. 

1° L’étude collective menée depuis Birmingham (UK) porte sur une population d’environ 40 000 diabétiques, sans a priori concernant la Covid-19 (entre le 30 janvier 2020 et le 13 octobre 2020.)

2° l’étude menée par Carolyn Bramante et ses collègues de l’université du Minnesota (Minneapolis, USA) inclus 6256 diabétiques, dans cinquante États des USA, toutes hospitalisées pour Covid  (entre le 1er janvier et le 7 juin 2020)

 

TAME porte sur « seulement » 6 000 personnes, pour lesquelles la metformine est repositionnée en dehors de la prescription actuelle comme antidiabétique (type2)

L'apport essentiel de "l'étude de Birmingham" à TAME est sans doute que quelque soit la cause de la mortalité, Covid ou autres, le taux de mortalité enregistré est plus faible, pendant la même période, pour les personnes, déjà, « sous » prescription de metformine M+, que sans prescription de metformine : M-

 

 

La metformine protège-t-elle des risques de mortalité quelqu'en soit la cause ?

La significativité est-elle insuffisante pour conclure à une protection de la metformine ?

Étude de Birmingham (en gris)
Cancers (* le mélanome pas été inclus dans l’étude, de même que les cancers du sang et de la moelle osseuse)
moins 4,2 points (40% en moins)

Étude de Minneapolis (en rose, personnes hospitalisées pour Covid) l’écart est inversé et peu important

Ces résultats pour les cancers « tout cancers confondus » ne sont pas très convaincants.

Par contre une étude, publiée en juin 2020, menée par Isabel Pimentel, de l’Institut  d’Oncology de Barcelone, Espagne, suggère un effet de la « metformine potentiellement pertinent pour les cancers sensibles aux œstrogènes ».

 

Ce qui donne une occasion supplémentaire de marteler que l’avenir de la médecine est l’individualisation des thérapies. Comme pour les Covid !

La diminution de « atrial fibrillation » de 16,1 à 12,4 % est remarquable :

1°  par son amplitude. Environ un cinquième de personnes « sous » metformine de moins souffrent de fibrillation atrial (fibrillation auriculaire)

2° Certes, les observations concernent les personnes hospitalisées pour Covid, mais ce trouble du rythme cardiaque est fréquemment associé au vieillissement, avec une prévalence de plus en plus élevée

Les accidents vasculaires cérébraux sont également moins fréquents chez les personnes « sous » metformine, mais l’amplitude est moins marquée.

Hélas, seule Carolyn Bramante et son équipe (Minneapolis, USA) ont consigné « dementia ».
Cette démence peut-elle être assimilée au « déclin cognitif » testé par TAME ?
La nature de cette démence n’est pas explicitée dans l’article, s’agit-il de maladie d’Alzheimer, de maladie de Parkinson, ... ?

Il apparaît que les personnes ayant une « dementia » préexistante  sont moins nombreuses si elles sont « sous » metformine : 11,7% (au moment de leur admission à l’hôpital pour Covid) que si elles sont sans prescription de metformine : 16,9% (dans les mêmes conditions)
… soit un écart de 5,2, soit une incidence de 30% en moins

Ce résultat est suffisamment remarquable pour que des recherches sur l’effet de la metformine sur les maladies dégénératives soient effectuées, et plus généralement, celles sur le microbiote intestinal soient doivent être continuées et approfondies.

Voir, par exemple la revue systèmatique de l’Université de Melbourne parue en février 2021
"
Cibler l'altération de la détection des nutriments avec des agents thérapeutiques réutilisés pour prévenir ou traiter le déclin cognitif et la démence liés à l'âge"

… dans laquelle, la metformine, fait partie « des agents thérapeutiques présentant les améliorations cognitives les plus prometteuses dans les populations pour lesquelles la démence a été identifiée. »

 

Voir aussi l’article de Magdalena Markowicz-Piasecka et ses collègues de l’université de Lodz (Pologne) Metformin – a Future Therapy for Neurodegenerative Diseases

Pour ces relations voir par exemple, Le microbiote anti-Alzheimer, sous la signature de Bénédicte Salthun-Lassalle

« Certaines bactéries de notre intestin semblent protéger contre la maladie d’Alzheimer. Pourquoi ne pas les développer ? »
Parmi les souches bactériennes « plus nombreuses après un régime méditerranéen » figure le genre Akkermansia,
… un des plus impliqué dans la production
d’acides gras à très courtes chaînes anti-inflammatoires

 

Le Tableau 1 de « l’étude Birmingham », qui compare la fréquence de certaines maladies entre les diabétiques « sous » prescription de metformine (MF+) ou sans cette prescription ( MF-)
         ajoute d'autres maladies à celles listées par l’étude TAME, si les écarts sont significatifs !

Maladies rénales chronique  Chronic kidney disease : écart de 11 (46% de moins) [Attention : ce résultat pourrait être biaisé, en effet, la metformine ne peut pas être prescrite en cas d’insuffisance rénale, cette exclusion peut se retrouver dans le moindre cas de « maladies rénales chroniques » des personnes sous prescription de metformine] 
L’étude de Minneapolis rapporte des baisses semblables de maladies rénales.

Cancers (voir ce § ci-dessus)

Arthrite rhumatoïde (Rheumatoid Arthritis) : écart de 0,6 (28% en moins)

Maladies respiratoires chroniques (Chronic respiratory disease) écart de 2 (20% de moins)

Maladie du foie (Liver Disease)            écart de 0,6  (10% en moins) (mais les valeurs sont identiques dans l’étude de Minneapolis pour les diabétiques hospitalisés)

NAFLD/NASH = stéatose hépatique ou stéatohépatite non alcoolique.

 

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M
Merci beaucoup à Jean-Pierre Forestier pour ces deux articles remarquables sur les avantages de la Metformine qui vont bien au-delà d'un traitement anti-diabétique. Les dernières méta-analyses que j'ai compilées et traduites jusqu'en 2024 tendent à conforter ses vertus générales anti-vieillissement. Un seul bémol : il convient de se supplémenter en Vitamine B12.
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J
Je vous remercie, Hervé Mériaux, pour vos appréciation et vos remarques. <br /> Effectivement, plusieurs Sociétés savantes (comme celles de Suisse et des USA) recommandent de vérifier le taux sérique de vitamine B12 chez les personnes traitées par la metformine. Je vais ajouter cette précaution à ma prochaine mise à jour.<br /> Celle-ci comportera le traitement de l’endométriose par la metformine. Même si ce traitement ne bénéficie qu’à environ 30% des patientes, ce serait près de 700 000 femmes qui, en France pourraient être soulagées et retrouver leur fécondité, grâce à la metformine (supplémentée en vitamine B12).<br /> https://www.beaubiophilo.com/2023/12/une-femme-une-endometriose-un-microbiome-un-traitement.html<br /> <br />