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Publié par Jean-Pierre FORESTIER

L’amertume mime une infection bactérienne.
Les végétaux ont « créé » ce mime pour décourager les prédateurs (herbivores) (voir
Le système immunitaire fixe, les TAS2R)

 

 

 

 

Ces récepteurs se trouvent dans tout l’organisme; où ils ont des effets souvent très différents

   

 

 

Que détectent ces récepteurs inaccessibles (au moins en théorie) aux principes amers habituels, ceux qui arrivent sur la langue ?

Robert Lee et Noam Cohen nous apprennent que ce sont des molécules bactériennes des acyl-homosérine lactones (AHL) présentes dans des biofilms bactériens,

... comme ceux formés par le sinistre Pseudomonas aeruginosa.

(voir Le système immunitaire fixe, les TAS2R)

 

 

La figure ci-contre pourrait laisser penser que les récepteurs de l’amertume (et à des fragments bactériens) sont absents de la peau, il n’en est rien ...

 

... Ute Wölfle et ses collègues de l’université Goethe (Frankfurt, Allemagne) l'ont démontré !

    
 

 

    Deux récepteurs à l’amertume, TAS2R1 et TAS2R38, sont présents dans l’épiderme, et ceci dans toutes les couches de kératinocytes. 
Quelques uns persistent même dans la couche cornée, où ils doivent avoir perdu toute fonctionnalité.
(Ute Wolfle ne semble pas préciser de quelle partie du corps cette coupe de peau a été réalisée)

 

 

 

L’utilisation

   de diphenidol, substance de référence médicale de l’amertume,
   ou bien l’amarogentine, puissant principe amer de
Gentiana lutea L.
   ou encore 
Swertia chirayita (une autre Gentianaceae),
montre que la stimulation des récepteurs épidermiques à l’amertume provoque une accentuation de la différentiation cellulaire.

 

... c'est-à-dire une amélioration de la maturation des kératinocytes vers le stratum corneum.
Cette différentiation notamment marquée par un accroissement de la teneur en kératines K1 et K10, et en filaggrin (protéines indispensables à une bonne kératinisation, voir 
Kératinisation et eau comme de la glace

 

     En août 2017, Ute Wölfle a complété son travail en montrant un autre aspect de la différentiation des kératinocytes : la synthèse de lipides. Selon cette publication, Gentiana lutea accroît la teneur de l’épiderme en céramides, acides gras libres, constituants essentiels des bicouches glucocéramidiques (structure de lipides indispensable à une bonne kératinisation par la capture de l'eau-comme-de-la-glace) et les bicouches céramidiques  (indispensables à un bon "effet barrière").

      Ute Wölfle conclut que Gentiana lutea pourrait être utilisée pour corriger les désordres de la « barrière » cutanée comme par exemple la peau sèche-rêche et la dermatite atopique.

     Bien qu’Ute Wölfle n’y fasse pas référence, il semble pourtant probable que c’est la production de monoxyde d’azote NO, suite à une stimulation des récepteurs de l’amertume, qui soit le principal facteur de ces différentiations des kératinocytes.

Goûter la Beauté ?

Loin de moi l’idée de minimiser des merveilles annoncées par Ute Wölfle, mais si la racine de gentiane avaient ces propriétés, il me semble que nous le saurions déjà.

        Néanmoins, le premier test pour sélectionner des nouveaux « actifs », pourrait bien être organoleptique : goûter. Ce conseil s’adresse naturellement qu'à tous ceux qui ne le faisaient pas déjà !

La cellule de Langerhans

Un des principaux « leviers » qu’utiliserait la cellule de Langerhans pour maintenir l'harmonie du microbiote (diversité et quantité) de Chosmo epidermis serait-il l’activation, ou la désactivation, des récepteurs à l’amertume, directement, sans molécules amères ?

Voir Chosmo epidermis. La fine diplomatie de la cellule de Langerhans

 

L’essentiel :

La cellule de Langerhans négocierait-elle la permanence et la rémanence du microbiote de nos Chosmo epidermis ?

De par sa parenté avec les lymphocytes, elle détient toutes les informations sur notre système immunitaire.

La cellule de Langerhans est placée au cœur de l’épiderme. De là, par des dendrites et des cadhérines, elle peut échanger des informations avec plusieurs dizaines de kératinocytes situées dans toutes les couches de l’épiderme pouvant être régulées.

 

Pouvant capter des antigènes, la cellule de Langerhans possède les récepteurs lui permettant de recueillir des informations venant du microbiote

(qui pourraient être portées, au moins en partie, par les mêmes molécules que celles qui activent les récepteurs à l’amertume des kératinocytes)

 

Usant la voie des cadhérines, la cellule de Langerhans pourrait directement activer, ou désactiver, les récepteurs à l’amertume. Ceux-ci produisent des défensives et/ou des radicaux libres, limitant la croissance de microorganismes du microbiote.

En fin diplomate, elle pourrait aussi agir indirectement

- en laissant s’infiltrer des molécules qui activent les récepteurs à l’amertume des kératinocytes (par exemple : des acyl-homosérine lactones)

- en favorisant certaines bactéries, celles-ci devenant des gardes frontières supplétifs, qui produiraient des bactériocines.

- en activant les récepteurs au sucré, eux-mêmes inhibiteurs des récepteurs à l’amertume.

 

La fine diplomatie pourrait également apparaître dans la « régulation » de la perte insensible en eau (TEWL), qui modifierait l’activité de l’eau dans l’épiderme, favorisant (ou défavorisant) la croissance de tel ou tel microorganisme (par exemple les Lactobacillus). Cette action provoquerait une modification collatérale de la kératinisation.

 

La rémanence implique que la cellule de Langerhans puisse avoir une « mémoire », semblable à l’immunité acquise : la mémoire de notre peau.

 

La diversité et de la quantité de microorganismes dans le microbiote permet une meilleure protection de Chosmo epidermis. La cellule de Langerhans peut l’obtenir en recrutant des gardes frontières supplétifs plus divers et en plus grand nombre.

C’est probablement le résultat du « lavage excessif » observé par l’utilisation de « gels-douches » de « haute formulation ».

Conclusion

« Les récepteurs du goût ont probablement encore beaucoup à nous révéler. »

 

Retour à la page Microbiotes

- Aux bienfaits du jeûne sur le cerveau, s’ajouteraient chez Homo sapiens des vertus sociales qui favoriseraient le renforcement, dans l’euphorie, des réseaux coopératifs.

Euphorie et réseaux qui ont aussi pu accroître son auto-domestication

- Les végétaux amers sont des mimes de restriction calorique, d’une activité physique.

- Les récepteurs à l’amertume sont-il en relation avec les activités cognitives ?

- Les effets bénéfiques de ces mimes se produisent à des doses hormétiques (hormesis)

Certains microbes produisent des substances amères, qui déclenchent une réaction immunitaire précoce dans tout l’organisme.

Pour décourager les prédateurs (herbivores) les végétaux auraient produit des molécules amères comme des leurres d’une dangereuse contamination bactérienne, d’une pourriture.

De même qu'une légère amertume peut être appréciée, le faisandage est (était) une légère pourriture appréciée par certains gastronomes.  

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