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Publié par Jean-Pierre FORESTIER

 

Vers Île.58 : Amertume et longévité 

Cette première Île de l’archipel de l’amertume nous était familière, les autres le furent moins.

 

     Il existe des récepteurs à l’amertume, et au sucré, non seulement sur la langue mais dans de nombreuses parties du corps.

 

Ces récepteurs sont nommés, par exemple TAS2R38 : TAS pour « taste », « R » pour récepteur. Ils sont également connus sous l’abréviation simplifiée T, par exemple : T2R38

     En dehors de la langue (et sans doute aussi sur la langue ! lien vers Île.99) un récepteur à l’amertume (TAS2R38) réagit à des molécules d’origines bactériennes, ...

(L’amertume mime des infections bactériennes (Voir Amertumes et microbes)

... plus précisément aux acyl-homosérine-lactones libérées par des biofilms bactériens, par exemple par ceux formés par Pseudomonas aeruginosa. (Voir Amertume dans la peau)    

Lipopolysaccharide

Les lipopolysaccharides sont des lipides complexes auxquels sont attachés des polysaccharides (« lipo » pour lipide et pas comme constituant normal du tissus graisseux/adipeux !) et des protéines. Les lipopolysaccharides sont des constituants de la paroi bactérienne des bactéries à Gram négatif. La succession de colorations et de décolorations inventée par Hans Gram est un moyen classique de distinguer les bactéries.

Sur le plan immunologique, les lipopolysaccharides constituent l'antigène O des bactéries à Gram négatif comme par exemple les Staphylocoques (lien vers l’île.94). Les lipopolysaccharides ont de puissantes propriétés inflammatoires.

 

L’activation d’un récepteur à l’amertume (par exemple TAS2R38, Voir Amertume dans la peau) provoque la libération de cytokine(s ?)

 

Les cytokines sont des glycoprotéines agissant comme des messagers à moyenne distance. à titre de comparaison, les hormones sont des messagers à longues distances (le totalité du corps humain) (lien vers l’île.01), les Radicaux libres sont des messagers à très courtes distances, par exemple NO (lien vers l’île.61).

 

Les cytokines peuvent être produites en réponse à beaucoup d’autres événements, par exemple en cas d’inflammation, et autres perturbations de l’homéostasie.

    La cellule cible reçoit le message (la cytokine) envoyé par le Récepteur d’amertume, et sait l’interpréter.

 

À la réception du message, la cellule cible

- libère de monoxyde d’azote, NO

- produit des défensives

- autres ?

 

Dans l’épiderme, la cellule cible est le kératinocyte (lien vers l’île.73 et l’île.81)

 

Du grec « poly » plusieurs et « morphê » forme, polymorphisme génétique désigne la coexistence de plusieurs allèles (parties variables) d'un gène.

Dans une population polymorphe, les individus présentent des caractères phénotypiques différents (appelés morphotypes). Le polymorphisme permet, par exemple, à une Espèce de s’adapter à un nouvel environnement

 

Dans « L’amertume sentinelle du système immunitaire » Robert Lee et Noam Cohen précisent : « Le fait que les variants génétiques des récepteurs de l’amertume soient si nombreux rend leur rôle dans l’immunité encore plus intrigant. La plupart des 25 récepteurs présentent des variations génétiques qui augmentent ou diminuent leurs capacités. Les personnes qui en sont dotées sont ainsi plus ou moins sensibles aux substances amères. »

 

Une figure (ci-dessous) publiée par Danièle Campa donne un aperçu du polymorphisme des récepteurs d’amertume et du nombre de possibilités de récepteur différents.

 

 

      Des récepteurs à l’amertume peuvent être associés à une propriété généralement très recherchée dans le choix d’un partenaire reproductif (lien avec Île.01): la longévité.

    Considérant :

- que l’espérance de vie est fonction, pour environ 25% de facteurs familiaux et génétiques (25% seulement !)

- que les récepteurs de goût modulent les préférences alimentaires,

- qu’il existe un large les polymorphismes génétiques des récepteurs de goût (lien vers l’île.57)

 Danièle Campa, et ses collègues, du Groupe d’épidémiologie génomique (Heidelberg, Allemagne) et des universités de Calabre et de Pise (Italie), ont recherché les polymorphismes génétiques des récepteurs de goût qui pourraient moduler le processus de vieillissement (ou au moins d’espérance de vie !)

    Selon ces auteurs, cinq polymorphismes pourraient être associés à la longévité : trois dans TAS2R16, deux dans TAS2R5 et un dans TAS2R4. (ces résultats sont donnés avec l’excellente significativité de p < 0,001 )

 

L’amertume, au moins celle que nous apprécions, serait-elle une indication de notre espérance de vie ?

Diversité et boissons amères

 

Puisque dans une reproduction sexuée le choix du partenaire est l’étape la plus importante pour la pérennité de l’espèce (lien vers l’île.01) et davantage encore chez Homo sapiens (lien vers l’île.91), tous les indices permettant d’affiner ce choix sont précieux.

 

   Pour reprendre le début du récit concernant l’île que nous explorerions, une question nous brûlait les lèvres : « Quelle est l’amertume de la boisson autour duquel doit se dérouler un premier rendez-vous galant ? » La figure jointe fut la réponse d’un ami Basque.

 

   Est-il possible de discerner davantage de paramètres à partir de la boisson préférée d’une personne ?

Pour répondre à cette question allons sur le site https://www.vinome.com, nous apprendrons que la société Winome, propose d’ajuster le choix des vins et des whiskies en fonction du génome de ses clients.

Pourquoi pas ! Sachant que la prévalence ne doit guère dépasser 25% ; autrement dit, le choix du vin ou du whisky ne doit correspondre qu’à un client sur quatre !

     Mais réfléchissons à la réciproque.

Danièle Campa définit des accords entre l’espérance de vie et la génétique des Récepteurs d’amertume. En suivant Winome, la connaissance du vin ou du whisky préférés du partenaire sexuel putatif donnerait des informations directement sur son Génome !

 

Dis-moi quel est ton vin ou ton whisky préférés, je te dirais quel est ton génome !

 

 

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