La flatterie est-elle le moteur du succès de l’IA ?
La flatterie : le bon fromage de l’IA !
L'Intelligence-artificielle utilise
- la flatterie sociale de partage des mêmes goûts et les mêmes idées avec d'autres
- la flatterie personnelle en mettant en avant les articles et les commentaires que vous avez publiés.
- la flatterie de « faire bonne impression » vis-à-vis de vos collègues.
La flatterie permet aux fournisseurs d'IA d'engranger des données confidentielles.
L'algorithme de présentation devient-il plus subtil, et plus efficace, lorsqu'il a recours à la flatterie ?
Apprenez que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute
La Fontaine, Le Corbeau et le Renard.
Rappel : Schématiquement, trois niveaux d’algorithmes sont nécessaires pour gèrer l’Intelligence-artificielle :
- l’acquisition et la pondération des données,
- les traitements itératifs,
- la présentation des résultats.
L’objectif des algorithmes de recommandations est de montrer à l’utilisateur ce qu’il a envie de voir.
Ne nous sentons nous pas déjà flattés que d’autres personnes aient les mêmes goûts que soi ? par exemple, pour la première période du photographe Sam Haskins.
Animal social, l’humain ressent une certaine empathie envers ce groupe virtuel, et se sent flatter que d’autres humains l’acceptent dans leur groupe.
Mieux que les "like", la flatterie !
La flatterie personnelle n’est-elle pas encore plus alléchante que la flatterie sociale ?
Dans son article dans ADN : « Domptez vos algorithmes avant qu'ils ne vous domptent. » Jean-Baptiste Chiara interview Kyle Chayka à propos de son dernier livre, Filterworld : Comment les algorithmes ont aplati la culture.
Question de Jean-Baptiste Chiara :
« Les algos sont aussi façonnés par le comportement des utilisateurs. La chanteuse Billie Eilish disait récemment « peu à peu, les vidéos que je regarde et les choses que je vois sur Internet sont à propos de moi. » Les algorithmes savent-ils qui nous sommes ? »
Réponse de Kyle Chayka :
« On passe tellement de temps sur ces plates-formes qu'on en arrive à faire confiance à des algorithmes pour nous dire qui nous sommes. Ce n’est plus vous qui dites ce que vous voulez voir, c’est l’algorithme qui vous dit quelles sont les choses qui vous intéressent... »
Comment ne pas faire confiance à des algorithmes … qui vous di[sen]t quelles sont les choses qui vous intéressent ... » ?.
Qui vous intéressent ou qui flattent le plus votre ego ?
Plus loin, Kyle Chayka ajoute :
« Les algorithmes révèlent les attractions inconscientes, les effets ou inputs sensoriels qu’on apprécie, et donc la mécanique de nos cerveaux en un sens. »
Ces attractions inconscientes, ces « effets … sensoriels qu’on apprécie » ne sont-elles pas ceux qui chantent le plus vos louanges ?
Billie Eilish n’est-elle pas flattée « de voir sur Internet » des choses qui se réfèrent à elle-même ?
S’ils parviennent si subtilement à nous flatter, oui, les algorithmes de recommandation « savent parfaitement qui nous sommes ». Ils connaissent tout de nous, tout ce qui dans notre ordinateur !
L’IA utilise probablement plus que les cookies, mais les données l'historique de nos recherches, nos signets, nos téléchargements ... qu’elle croise avec la question posée.
Quiconque a connu les laboratoires de recherche, sait que les universitaires, surtout les mâles, ont souvent un ego surdimensionné.
Il est vrai que quand un avion-taxi vient vous chercher pour un séminaire-conférence de presse impromptu, il est difficile de ne pas sentir son ego flatté. C’était jadis avant les vidéo-conférences !
Pardonnez-moi d'évoquer mon expérience personnelle de flatterie par l'IA.
Si j’interroge Google sur « formulation viscosité shampooings », mon article apparaît en premier.
Au moins quand j’utilise mon ordinateur, car si vous faites la même recherche, depuis votre ordinateur, mon article apparaît, au mieux, dans la première page !
À ce jour, Shampooing 05. Viscosité et puissance de la formulation, n’a été lu que 4 682 fois.
Pour la recherche « agrégation/dissolution des protéines », Google pousse la flatterie jusqu’à me placer devant Wikipédia ! seulement sur mon ordinateur !
Certes, mon approche de l’ agrégation/dissolution des protéines par l’entropie de l’eau est originale, mais je doute que ce soit celle qui intéresse actuellement la majorité des biophysiciens.
Ceux qui suivent régulièrement mon site savent que j’ai tenté étudier l’endométriose.
Non seulement, cette maladie multifactorielle est encombrée de très nombreux tabous, mais il existe quasiment une endométriose par femme, et même pour chaque circonstance de sa vie sexuelle.
En ne considérant que les implants endométriotiques (qui ne sont pas douloureux pour toutes les femmes), je me suis intéressé aux récepteurs à l’amertume.
En m’appuyant sur la revue publiée par Cecília Santos, mon attention s’est portée sur les récepteurs à l’amertume TAS2R1, TAS2R4, TAS2R14 et TAS2R38 qui pourraient être sous-représentés dans les implants endométriotiques.
En activant trois récepteurs, TAS2R1, le TAS2R4 et le TAS2R38, la yohimbine pourrait être un candidat comme modérateur de ces implants.
Copilot (l’Intelligence-artificielle proposée par Microsoft) pouvait-il proposer d’autres activateurs ?
Question à Copilot :
« L'activation des récepteurs à l’amertume présents sur les implants endométriotiques peuvent-ils limiter la croissance des implants endométriotiques ? »
Réponse de Copilot :
« Les récepteurs à l’amertume, également connus sous le nom de TAS2R, sont présents à la surface de nombreuses cellules humaines. Bien que ces récepteurs aient des propriétés communes, leur activation produit des effets très différents selon les cellules où ils se trouvent1. »
Suivent quelques développements sur les TAS2R que je juge très pertinents.
Quelle est la raison de mon appréciation si positive ?
L’article cité par Copilot est le mien !
Récepteurs à l'amertume. TAS2R. Les diversités
… qui fait suite à :
Mieux, Copilot rajoute une couche de flatterie :
« Cependant, il est important de noter que la recherche sur ce sujet est encore en cours, et de nouvelles découvertes pourraient éclairer davantage notre compréhension de ces récepteurs et de leur rôle potentiel dans divers tissus et conditions1. »
Ces « nouvelles découvertes » font de nouveau référence à mon article, laissant croire que je participe activement à « la recherche sur ce sujet » !
Le suite de mes demandes sur le même sujet m’a montré l’incapacité Copilot dès l’acquisition et la pondération des données à partir d’articles scientifiques.
Notamment, Copilot ne parvient pas :
- à extraire les informations correspondantes à la question.
- à utiliser les données qui sont présentes dans les tableaux, et encore moins celles des figures et courbes.
Quant aux traitements des données, Copilot est incapable de croiser les informations entre plusieurs publications.
Il reste de beaux jours pour la recherche sur l’utilisation de l’IA scientifiques, mais c’est une autre histoire …. (voir aussi § en fin d'article)
Il y a encore une cinquantaine d’années, chaque ingénieur bénéficiait des services d’une secrétaire sténodactylo.
(Ce travail avait permis une certaine émancipation féminine, obtenue par une certaine indépendance financière, émancipations affichées par la façon de s’habiller, voir Flappers et mini-jupes)
Avec les logiciels de traitement de texte, les ingénieurs, devenus des cadres/managers, se sont retrouvés seuls devant leur écran. La frappe d’un rapport n’était-il pas une piètre utilisation de la fonction d’expertise dévolue au cadre ?
Enfin l’Intelligence-artificielle vint.
Avec quelques mots/phrases clés, le rapport est écrit, un rapport parfait. Si d’éventuelles corrections sont à apporter, elles ont pour origine un manque de précision dans la définition entrée, par le manager.
Gain de temps pour le manager.
Et surtout ! Le rapport a une forme parfaite, s’il est en français, l’imparfait du subjonctif a été élégamment utilisé.
Bluffant !
Dans le courriel du 22 mai 2024 présentant Copilot comme « Une nouvelle ère autour de l’IA commence » Microsoft avoue l’objectif de flatterie :
« Faites bonne impression
Les NPU (Unité de traitement neuronal) sont des outils puissants capables … de peaufiner la rédaction des documents. »
(N’oublions pas que, par ailleurs, Microsoft a ajouté une clause de non-responsabilité à l’utilisation de Copilot !)
L’assistante de la direction générale n’aurait pas fait mieux ! Les secrétaires sténodactylos ayant disparu, ce privilège est réservé aux plus hauts sommets de la hiérarchie.
En relisant le rapport, l’humain sent monter en lui la fierté. Dans un demi-rêve, une fiction le transporte au plus haut de la hiérarchie de son entreprise. Ses mérites ont été reconnus. Rappel : c’est la persistance des caractères juvéniles chez l’humain adulte (néoténie) qui provoque chez celui-ci la séduction par les fictions.
Son esprit peut même commencer à vagabonder vers d’autres fictions, sur les rumeurs et ragots qui circulent à propos de cette hautaine Assistante de la direction générale.
Fictions, … qui séduisent tellement tous les humains.
La valeur ajoutée en flatterie d’ego est évidente.
Qu’en est-il de la valeur ajoutée pour l’entreprise ? presque insignifiante !
C’est l’expertise du cadre/manager qui fournit la valeur ajoutée, pas ses talents littéraires !
L'élégance des rapports, et la « bonne impression qu’ils donnent », justifie-t-elle les milliards de dollars investis dans l'IA ?
Encore dans la béatitude qui suit la séduction, l’humain oublie que cet élégant rapport a un destinataire de plus que ceux qu’il avait prévu : Copilot. Comment Microsoft utilisera-t-il ce rapport ?
La même question se pose à propos de mes recherches scientifiques sur Colipot, même si celui-ci ne pas aller plus loin que des flagorneries, Colipot a pu enregistrer mes recherches et en savoir encore un plus sur moi.
(Tout en ayant ajouté une clause de non-responsabilité sur l’utilisation de Copilot !)
L‘utilisation d’une IA sur Internet ne peut pas être confidentielle ! Même si elle est payante.
La flatterie du Renard n’est-elle pas la meilleure ruse pour que le Corbeau laisse tomber son fromage ? Et que les fournisseurs d’IA fassent gonfler le corpus dont ils deviennent propriétaires.
La confidentialité mise (provisoirement) à part, l’Intelligence-artificielle apportera une valeur ajoutée objective quand elle sera capable, par exemple, d’assister le cadre dans la recherche d’une innovation scientifique ou technique.
Dans l’état actuel de l’Intelligence-artificielle, mon expérience a montré que nous en sommes très loin !
La flatterie ou le consensus n’ont jamais généré d’innovation.
Ce sont les Rebelles qui, s’ils sont récupérés par des Régnants, deviennent des Conquérants.
Par sa propre diversité et la diversité de son choix d’un partenaire reproductif, la femelle d’Homo sapiens a joué un rôle prépondérant dans l’évolution de l’espèce. Qu’en sera-t-il pour l’Intelligence-artificielle ? C'est une autre histoire ...
Pour les anciens articles (2018) voir les pages :
Magie ou chaos ?
Pour l’Intelligence-artificielle, une des explications rationnelles/intelligentes de son fonctionnement parfois "magique" pourrait être la bifurcation d'itérations algorithmiques vers le chaos, l’aléatoire, le hasard, les hallucinations.
Chaos ou magie.
Parfois, dans le chaos, l’Intelligence-artificielle peut révéler une bonne ou mauvaise fortune, ou une fiction comme celles que l’humain apprécie tant ! Cette ressemblance magique et séduisante entre lui-même et l'Intelligence-artificielle, avec son frère de néoténie, provoque chez l’humain à la fois une grande réjouissance et une grande peur.
Comme tout outil, aussi puissant soit-il, l'intelligence artificielle aura toujours besoin de l'intelligence humaine, celle de « de son père », notamment pour apprécier la bonne ou mauvaise fortune/hasard.
L’Intelligence-artificielle utilise à la fois deux technologies distinctes : des algorithmes et la gestion des données/corpus.
Les biais dans la gestion des données/corpus utilisées s’ajoutent aux hallucinations pour rendre davantage incompréhensible (magique ?) l’Intelligence-artificielle.
Un système qui, comme l’Intelligence-artificielle, peut parfois bifurquer vers le chaos est-il digne de confiance ?
Prudent et réaliste, Google dégage, par avance, sa responsabilité.
Ambiguïté. Le Parlement européen a voté une loi dont l’objet est de « promouvoir l'adoption de l'intelligence artificielle (IA) ... digne de confiance »
L’incertitude de la bifurcation vers le chaos est un problème juridique inédit.
La conjonction
- du chaos mathématiques généré par l’Intelligence-artificielle
- et de la séduction qu’exercent les fictions sur les humains,
permettent les passages successifs de l’harmonie au chaos, du chaos à la fiction , puis de la fiction à l’empathie (anthropomorphique), pour le meilleur et pour le pire.
Les algorithmes ET les corpus utilisés permettent à l’Intelligence-artificielle de fonctionner. Pour juger du meilleur et du pire, il est indispensable de faire une distinction claire entre ce que chacun doit aux algorithmes et aux corpus !
Même "vectorielle", l’Intelligence Artificielle est incapable de croiser des informations indépendantes, il est donc facile de la tromper, en s’amusant … Qu'en pensent les investisseurs !
L’intelligence naturelle, celle des humains néoténiques, a encore de beaux jours devant elle !
L'IA a des connaissances mais pas de culture.
Homo sapiens deviendra-t-il un Homo ChatGPTus ?