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Publié par Jean-Pierre FORESTIER

L’essentiel :

Les récepteurs à l’amertume, les TAS2R, sont présents à la surface de nombreuses cellules humaines.

Bien que les TAS2R aient des propriétés communes, leur activation produit des effets très différents selon les cellules à la surface desquelles ils sont présents :

- Sur la langue, ils nous informent sur le goût.

- Dans les tissus épithéliaux, comme ceux des voies aériennes, les TAS2R deviennent un système immunitaire inné qui peut provoquer une destruction de bactéries, et de virus.

- Chez les macrophages, les TAS2R peuvent provoquer une action anti-inflammatoire.

- dans le tissu cardiaque, une modification de la contractilité cardiaque et du tonus vasculaire global.

- ....

Les effets secondaires des médicaments seront-ils mieux anticipés quand nous connaîtrons les activations provoquées par les TAS2R sur toutes les organes/cellules humaines ?

 

À ces différences, s’ajoutent les différences individuelles : le polymorphisme

Ne pas en tenir compte est un déni de diversité

Ajouté le 1er novembre 2020 : Déni de diversité dans la recherche sur les vaccins 

 

Les récepteurs à l’amertume

- sont activés par des molécules d’origines bactériennes ou des substances amères : végétales, "métalliques" ou synthétiques

- sont placés à la surface des cellules (environ une sur cent dans l'épithélium des voies respiratoires supérieures)

- font tous partie de la famille de récepteurs couplés aux protéines G.

- sont au nombre de 25 (connus chez l’homme) qui agissent en duos

- sont plus ou moins spécifiques et ont plus ou moins daffinité pour différentes substances amères

- sont très polymorphes, c'est-à-dire qu’ils sont différemment exprimés selon les individus

- sont notées TAS2R  ( TAS ou T, pour « taste », « R » pour récepteur, )

_

Mêmes TAS2R partout dans le corps

Il semble bien que, pour un même individu, les TAS2R soient identiques, quelque soit la cellule à laquelle il est intégré. C'est-à-dire que, pour un même individu, les Récepteurs à l’amertume sont les mêmes sur la langue et dans les poumons, et le cœur, et les macrophages.

C'est-à-dire que, par exemple, la perception sur la langue prédit la nature du Système immunitaire fixe des voies respiratoires !

 

Par contre, bien qu’ils soient identiques, pour un même individu, selon la cellule à la surface de laquelle les récepteurs à l’amertume sont placés, l'activation des TAS2R provoquent des réponses très différentes, voire inverses sur les cellules nasales (l’exemple qui a servi d’introduction), le cœur, les intestins, le cerveau, les macrophages….

 

 

Il est possible de distinguer plusieurs types de réponses :

- neuronale, sur la langue

- celle d'un système immunitaire inné des tissus épithéliaux , par exemple ceux des  voies aériennes, des intestins, de l'épiderme, ... "L'objectif" est de détruire, ou plus exactement de contrôler; les microorganismes par l'oxyde d'azote (NO) et des défensines. Le NO libéré est pro-inflammatoire.

- anti-inflammatoire chez les macrophages

- diverses et variées, directes et indirectes chez les adipocytes

- une modification de la contractilité cardiaque et du tonus vasculaire global dans le tissu cardiaque,

- ....

À l’origine de l’Évolution, les récepteurs à l’amertume ne devaient être activés que par des molécules d’origines bactériennes (les ligands),
ils forment
un système immunitaire fixe.

Par exemple sur le schéma ci-contre TAS2R38 (T2R38) est activé par des acyl-homosérine lactones (AHL) produit par une bactérie, Pseudomonas aeruginosa 

 

L’amertume des végétaux mime une infection bactérienne (c'est également une longue histoire de l'Évolution)

 

Les végétaux ont « créé » ce mime pour décourager les prédateurs (herbivores) (voir Amertume et microbes)

Charles Zuker et ses collègues de l’Université de Californie (San Diego, USA) ont été les premiers à identifier les TAS2R dans deux articles parus en 2 000 dans Cell
A novel family of mammalian taste receptors.
et
T2Rs Function as Bitter Taste Receptors

Vingt cinq TAS2R sont maintenant connus chez l'homme.
Cette variété pourrait être le reflet d'un adaptation aux diverses formes de confrontations avec des micro-organismes

(à l'inverse, on ne connait qu'un seul -duo- de récepteur au sucré, ainsi qu'à l'umami/glutamate).

Il faut déjà remarquer que chaque TAS2R est plus ou moins exprimé, et exprimé différemment selon les individus (polymorphisme).

Chaque individu ressent l’amertume différemment et a une réaction différente aux micro-organismes

 

 

Duos de récepteurs

Les TAS2R agissent en duo (de même que les récepteurs au sucré et à l’umami/glutamate).
Pour que le récepteur soit activé, il est nécessaire qu’une molécule amère soit fixée sur chacun des deux récepteurs. Cette particularité permet de  déclencher une réponse que quand un nombre suffisant de molécules amères (ici AHL) est présent dans le milieu environnant.

Les TAS2R sont plus ou moins spécifiques de substances amères.

TAS2R46 est un exemple d'une grande largeur de spectre de réactivité. Il est activé par 21 des 58 substances amères testées par  Wolfgang Meyerhof et ses collègues du Département de génétique moléculaire de Nuthetal, Allemagne).

 

D’autre part, une même substance amère peut activer plusieurs TAS2R.

Par exemple la colchicine active les TAS2R4, le TAS2R39 et le TAS2R46.

La quinine, ci-dessus, fait partie des substances qui activent le plus grand nombre de TAS2R (neuf), dont le TAS2R4, TAS2R7, TAS2R14, TAS2R10, TAS2R46.

 

Quand au récepteur à l’amertume TAS2R7, il réagit à différents ions métalliques notamment le zinc Zn2 + et aussi le magnésium Mg2+; le manganèse Mn2+

Chaque TAS2R n’a pas la même affinité pour les molécules amères.
Par exemple, il faut environ trente fois plus de caféine que de quinine pour produire la même activation des récepteurs à l'amertume.
Et cette proportion varie également considérablement d'un individu à l'autre (
polymorphisme).

Remarque : la saccharine utilisée comme édulcorant est aussi un activateur de récepteurs à l’amertume, TAS2R43 et TAS2R44, et donne en plus un arrière goût métallique (chez certains individus)

Du grec « poly » plusieurs et « morphê » forme, le polymorphisme génétique désigne la coexistence de plusieurs allèles (parties variables) d'un gène.

Dans une population polymorphe, les individus présentent des caractères phénotypiques différents (appelés morphotypes).

Le polymorphisme permet à une Espèce de s’adapter à un nouvel environnement

 

  "de gustibus et coloribus non disputandum"

(même si, selon Nietzsche, « nous ne faisions que cela » !, Ainsi parlait Zarathoustra. § Des hommes sublimes).

Voir dans l'Annexe : Amertume et longévité, quelques exemples de la grande diversité de l'humanité face au goût.

La figure empruntée à Danièle Campa donne un aperçu du polymorphisme des récepteurs d’amertume et du nombre de possibilités de récepteurs différents.

 

Ce polymorphisme des récepteurs à l'amertume est multiplié par celui des différentes défensines, (voir § Variété et polymorphisme des défensines)

Ne serait-ce pas le polymorphisme des récepteurs à l'amertume, cette l’immense variété des réactions individuelles au goût, qui est observée pour le Covid-19

Ces variétés individuelles devaient être des évidences pour tout observateur honnête

Ces diversité sont patentes depuis les premiers symptômes jusqu’aux développements de la maladie, depuis l’asymptomatique jusqu’à grande détresse pulmonaire, sans oublier les incontournables contaminés imaginaires.

De plus, le traitement précoce n’est pas celui des malades en réanimation voir Inversion pro-anti inflammatoire

Bien que plongeant les médecins de ville dans le plus grand désarroi, pourtant évidentes, ces variétés individuelles continuent d’être niées aussi bien par les autorités sanitaires que par les autorités politiques.

Pour ces autorités, tous les individus doivent être traités de la même façon que ce soit en termes de thérapie comme de confinement. Cet égalitarisme poussé à l’absurde a conduit à des interdictions « étranges » comme celle de la pratique du surf, ou l’interdiction de s’asseoir sur un banc public.

         Pour les autorités sanitaires, et politiques, il ne peut/doit y avoir qu’un seul médicament non seulement efficace pour tous les Homo sapiens, mais qui soit efficace quelque soit le niveau de la maladie. Nous avons vu que celui qui proposait une thérapie efficace, mais limitée au début de la maladie (ce qui évitait néanmoins qu’elle ne progresse) était voué aux gémonies par les autorités sanitaires officielles et suivis dans la condamnation par les plus hautes autorités politiques.

 

Et bien NON, la nature humaine est très variée. Sans cette variété, Homo sapiens n’aurait pas pu s’adapter ni à la plupart des écosystèmes de notre planète, ni aux micro-organismes qui y étaient présents.

 

 

Peut-être que le Covid-19 restera, plus tard, comme la plus grande leçon de cette diversité.

 

Dans un article ce Pour la Science du 28 octobre 2020, sous le titre Coronavirus : faut-il infecter des volontaires pour tester les vaccins ?

À la question :  Quel est le risque pour les participants ?

Ewen Callaway répond : « Le risque peut être réduit de façon très significative en sélectionnant des personnes relativement jeunes – nous envisageons entre 20 et 45 ans – et en bonne santé. »

Un groupe homogène ! Alors que les Covid-19 se traduisent par des pathologies particulièrement hétérogènes et concernant des sous-populations !

Outre les diversités génétiques, environnementales, etc.

il convient d’ajouter les diversités de pathologies, par exemple la toxoplasmose (pour la phase virale), la gale (pour la phase inflammatoire), 

Sans doute devant ce stupéfiant déni de diversité, la rédaction de Pour la Science a ajouté le commentaire de Barbara Zambelli, du département de pharmacie et de biotechnologie de l’université de Bologne
(  COVID-19 : testare i vaccini infettando soggetti sani) :

Le groupe de sujets étudiés  [par Ewen Callaway]… est ... très homogène, car composé de personnes présentant un faible risque de développer une forme grave de la maladie. Le risque est que « le groupe de participants ne soit pas représentatif de la population qui est censée bénéficier du vaccin à terme »

…..De plus, continue Barbara Zambelli : La réponse immunitaire perd en efficacité avec l’âge et les réactions des personnes les plus vulnérables peuvent être très différentes de celles de sujets jeunes et en bonne santé. » [Elles sont très différentes !]

Cette difficulté à généraliser les résultats des études d’infection contrôlée divise également les experts de l’OMS : 11 des 19 auteurs d’un rapport du groupe consultatif sur les challenges infectieux publié en juin doutent que les résultats qui seront obtenus chez les jeunes seront transposables aux personnes âgées.

Dans  l’article très complet de Sciences et Vie  : Covid-19 : enquête sur le vaccin

Les personnes à risques, âgées de plus de 65 ans ou présentant des facteurs d'aggravation de la maladie (obésité, maladie chronique respiratoire, diabète...)… est sous-représentée, voire absente, dans les essais de phase 3. Il est tout à fait possible que l'efficacité soit moindre chez elle.

 

 

Le déni de diversité, c’est déjà l’intolérance, celle qui a provoqué la chute de l’Empire romain d’Occident.

 

« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits », mais ils ne naissent pas égaux dans leur réponse au Covid-19.

Même s’il existe certaines prédispositions, cette inégalité n’est pas génétique, elle est uniquement fonction de l’état dans lequel se trouve l’individu quand il rencontre le coronavirus. (voir l’exemple du Japon)

La suite de La Déclaration universelle des droits de l'homme

… est tout aussi importante

« Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »

« doués de raison et de conscience », « dans un esprit de fraternité », ne devraient-ils pas faire un devoir de différencier les prises en charge du Covid-19

« Nous ne sommes peut-être pas tous égaux devant le SARS-CoV-2, mais en identifiant le pourquoi de ces inégalités, on pourra tenter de les atténuer. » Loïc Mangin

Robert Lee et Noam Cohen du Département d’Oto-rhino-laryngologie de la Perelman School of Medicine de l'Université de Pennsylvanie (USA) sont les deux pionniers des relations entre les différentes sensation à l'amertume et des pathologies des voies aériennes 
(voir leur article dans Pour la Science :
L'amertume, sentinelle du système immunitaire

ainsi que : Role of the bitter taste receptor T2R38 in upper respiratory infection and chronic rhinosinusitis

Robert Lee et Noam Cohen précisent : « Le fait que les variants génétiques des récepteurs de l’amertume soient si nombreux rend leur rôle dans l’immunité encore plus intrigant. La plupart des 25 récepteurs présentent des variations génétiques qui augmentent ou diminuent leurs capacités. Les personnes qui en sont dotées sont ainsi plus ou moins sensibles aux substances amères. »

... et aussi au Covid-19 ?

Voir Goûter l’amertume pour prédire. Les Brocoli-Beurk
… pour l’hypothèse des relations entre la sensation d’amertume au phénylthiocarbamide (substance amère du Brocoli) et la prédisposition au formes sévères de la Covid-19

 

 

Selon la cellule à la surface de laquelle les récepteurs à l’amertume sont placés, l'activation des TAS2R provoquent des réponses très différentes, voire inverses

 

Les thérapies utilisées pour le Covid-19  s’inversent  entre le début de l’infection et les détresses pulmonaires :

- dans la phase virale, en mimant un ligand bactérien, une molécule amère comme la quinine, le camphre, etc. peuvent activer des TAS2R des cellules épithéliales des voies respiratoires. Cette activation provoque la libération par la Forteresse active de défensines et d’oxyde nitrique (NO) qui détruisent les virus.
(Comme messager, NO étant pro-inflammatoire, l’utilisation d’anti-inflammatoire dans la phase virale est exclue)

 

- dans la phase immunitaire, quand les lignes de défenses des récepteurs à l’amertume ont été détruites par le virus, le système immunitaire circulant « classique » sur-réagit et provoque une « tempête de cytokines », c'est-à-dire une inflammation généralisée. Des molécules amères  peuvent-elles activer des TAS2R des macrophages et provoquer un processus anti-inflammatoire ?

... les récepteurs à l'amertume sont dans les détecteurs gustatifs.

Ils nous informent, par l’intermédiaire du nerf gustatif, sur la qualité des aliments (c’est une longue histoire de l’évolution).

 

Figure empruntée à Loïc Briand

 

... qui sont en contact direct et naturel avec des micro-organismes,

"Les récepteurs du goût amer ne se trouvent pas seulement sur la langue. Présents dans tout l'organisme, ils forment [dans les tissus épithéliaux]. une première ligne de défense contre les infections " ...
Ils font partie d’un système immunitaire inné, parallèle au système immunitaire « classique », celui fondé sur l'action d'anticorps et de cellules circulant dans l'organisme  ,
Le système des TAS2R  constitue la « première ligne » de défense
et aussi celui qui réagit le plus rapidement en cas d’agression bactérienne

Placé en « première ligne » le système immunitaire inné des récepteurs à l'amertume réagit avant le système classique circulant.

Or, la lutte contre un agent infectieux, est souvent une course de vitesse, comme dans le cas de coronavirus SARS-CoV-2

La figure ci-contre concerne des cellules épithéliales ciliées (voies aériennes)

 

Je l'ai empruntée à Robert Lee et Noam Cohen ( Taste receptors in innate immunity)

Une bactérie, ici Pseudomonas aeruginosa, produit  des acyl-homosérine lactones (AHL, ci-dessous) destinées à créer un biofilm dans lequel elle s'abrite, et y devient particulièrement résistante aux antibiotiques.

Dans la formule chimique précédente, R est une chaîne grasse qui apparait comme une "queue" sur le schéma

Les acyl-homosérine lactones (AHL) sont reconnues par le Récepteur à l’amertume T2R38 (= TAS2R38),

 

 

 

L’activation déclenche la production de l' oxyde nitrique  (NO, une super "eau-oxygénée") qui détruit les bactéries.

Mais, NO est également un puissant messager, un afflux excessif de NO peut conduire à une inflammation persistante, ... et parfois incontrôlée.

Activé, le récepteur à l’amertume produit également (indirectement ou directement)

des défensines … qui participent également à la destruction des bactéries.

Voir voir § spécial sur les défensines )

 

De plus, les défensines, pourraient agir indirectement :

- comme amplificateur de la riposte contre les bactéries par une activation de TAS2R14 ? voir TAS2R14

- à l’inverse comme modérateurs de l’inflammation en activant certains Toll-like receptors (TLRs). Voir Propriétés immunomodulatrices des défensines

L'oxyde d'azote (NO) et les Défensines agissent également pour détruire certains virus qui se trouvent dans leurs périmètres d'action.

 

Voir des défensines comme destructeurs de virus

 

… leur mission est celle de Terminator : détruire, tout détruire : les bactéries, mais aussi des virus qui se trouveraient là,

Le système immunitaire inné des Récepteurs d’amertume est plus archaïque que le système « classique », mais dans les voies aériennes il a évolué en ajoutant à la destruction des bactéries :

- un mouvement coordonné des cils, évacuant, comme sur un « tapis roulant », les débris jusqu’à l’entrée de l’œsophage (voir figure : Clearance)

- et une broncho-dilatation, qui en augmentant la ventilation des bronches permet une évacuation par les voies aériennes

La broncho-dilatation, conférée par exemple par le camphre s’avèrent très utile dans les complications pulmonaires

. Voir Amertume et Bronchodilatation. 01 _ pourquoi la chloroquine ?

Dans l’épiderme, les récepteurs à l’amertume des kératinocytes participeraient à la gestion du microbiote

Leurs actions pourraient, au moins en partie, être sous la « bienveillante surveillance » de la cellule de Langerhans, agissant comme leucocyte modérateur.

Voir Chosmo epidermis 05. La fine diplomatie de la cellule de Langerhans

 

Un système équivalent de gestion du microbiote existerait dans l’intestin.

Dans le système immunitaire circulant, divers motifs moléculaires associés à des pathogènes (bactéries, virus, ...) provoquent l’activation de récepteurs TLR (de anglais Toll-like receptors), qui eux-mêmes provoquent la libération de cytokines pro-inflammatoires.

Dans Frontiers in Physiology de 2019, Philippe Devillier et ses collègues de l’Université Paris-Saclay

ont montré que :

- des Récepteurs à l’amertume sont présents à la surface des macrophages (pulmonaires humains),

- l’activation de, la plupart de, ces TASR a un effet anti-inflammatoire par inhibition de la production de cytokines pro-inflammatoires (TNF-α, CCL3, CXCL8 et IL-10)

Parmi ces activateurs des Récepteurs à l'amertume se retrouvent la colchicine, la chloroquine, et aussi  l’érythromycine (un antibiotique proche de l'azithromycine )

   la phénanthroline, ou orthophénantroline, …

   le carisoprodol (aux propriétés myorelaxantes mais qui avait été créé pour être un … antiseptique !

 

Philippe Devillier et ses collègues concluent

« Les TAS2R [récepteurs à l’amertume] peuvent constituer de nouvelles cibles médicamenteuses dans les maladies pulmonaires obstructives inflammatoires. »

Ces cibles médicamenteuses ne sont-elles pas celles des substances amères utilisées dans le Covid-19 ? la chloroquine, l’azithromycine, la colchique, la chlorpromazine et même le paracétamol ?

Dans le tissu adipeux, les TAS2R participeraient à un système complexe de régulation en interaction avec de nombreux autres récepteurs situés à la surface des adipocytes

y compris des récepteurs au sucré (et édulcorants),

et aux acides gras (notamment aux acides gras à chaînes très courtes).  

Voir Amertumes. Obésité ? Covid-19 ? 01

 

 

... et, parmi les travaux les plus récents 

 

Extra-oral bitter taste receptors: New targets against obesity?

 

 Expanding the role of bitter taste receptor in extra oral tissues: TAS2R38 is expressed in human adipocytes

 

Si Walter Thomas et ses collègues de l’Université de Queensland (Brisbane, Australie) écrivait avec enthousiasme, en 2013, que : « La découverte des Récepteurs gustatifs dans le cœur ouvre un nouveau domaine passionnant de la recherche cardiaque. », peu de travaux déterminants ont suivi.

 

Pour cette équipe, « ces récepteurs gustatifs peuvent fonctionner comme des capteurs de nutriments dans le cœur. »

 

 

Plusieurs travaux, plus récents, comme ceux de Prashen Chelikani et de ses collègues de l’Université du Manitoba (Winnipeg, Canada) montrent que l’activation des récepteurs des cardiomyocytes provoque un effet myorelaxant.

 

Plusieurs remarques modèrent considérablement la portée de ces travaux

1°  Dans une revue très récente, mai 2020,   Simon Foster et ses collègues de l’université Monash (Clayton, Australie) rappellent que le cœur est un « matériau composite » dans lequel seulement un tiers est constitué de cardiomyocytes « le reste, sont des muscles lisses, de fibroblastes, de cellules endothéliales, de cellules sino-auriculaires, de cellules auriculo-ventriculaires, de cellules souches cardiaques pluripotentes, … et diverses cellules liées au système immunitaire ».

Or, l’activation des TAS2R de ces cellules peut provoquer des réponses différentes qui peuvent interférer avec celles des cardiomyocytes . Par exemple, le monoxyde l’azote (NO, voir ci-dessous) produit par les cellules endothéliales est connu comme agent du tonus vasodilatateur

comme le précise Linhong Deng et ses collègues des universités de Changzhou, et de Chongqing (Chine) "La carte d'expression des TAS2R dans les cardiomyocytes humains, de rats et de souris est significativement différente." Ce qui relativise les études réalisées sur ces murins.

 

Simon Foster peut prudemment conclure : « Bien que le rôle précis des TAS2R dans le cœur reste incertain, les preuves indiquent un rôle dans la contractilité cardiaque et le tonus vasculaire global. »

Côté Brocoli-Beurk, selon  I. A. Goncharova et ses collègues de l’Institut de recherche sur les maladies cardiovasculaires de Kemerovo (Russie), l’expression de certains génotypes du TAS2R38 prédispose à un infarctus du myocarde tardif (la prédisposition à un infarctus précoce correspond à d’autres variantes d’autres gènes)

Est-il possible de rapprocher cette prédisposition à « une diminution de la survie à l'hôpital et à une fréquence accrue des arythmies ventriculaires » chez les malades du Covid-19 les plus  âgés ?

 

 

Rappel le monoxyde l’azote (NO, voir ci-dessous)_ est connu comme agent du tonus vasodilatateur

L’oxyde d’azote est un ROS (une « eau-oxygénée" super puissante ») destructeur de bactéries,

mais est aussi un messager.

 

     Des enzymes, les NO-synthétases, catalysent la synthèse du monoxyde d’azote à partir de l’arginine (un acide aminé cationique).

Plus performant que les autres, NO porte ses messages un peu plus loin que les autres ROS et surtout dans toutes les directions. Il tient ces aptitudes à ses propriétés physiques :

1° il n’est pas électriquement chargé ;

2° il est soluble aussi bien dans les graisses que dans l’eau. Rien n’arrête le monoxyde l’azote, ni les membranes lipidiques, ni les phases aqueuses du cytosol ou des espaces intercellulaires.

NO est un messager extrêmement puissant puisque, dans le cerveau, une concentration locale de NO d’une picomole par litre (0,00003 mg par litre) suffit pour influer sur le fonctionnement de millions de neurones.

Dans le domaine cardiaque, le monoxyde l’azote est connu comme agent du tonus vasodilatateur

 

 

(l’inhibition de la destruction de NO est le principe d’action du Viagra® !!)

   

Comme les autres ROS, le message porté par NO déclenche une inflammation, une prolifération cellulaire, une différenciation cellulaire ou une apoptose.

     Également, comme pour les autres ROS, une production excessive de NO peut conduire à des troubles métaboliques, une inflammation persistante, diverses maladies neuro-dégénératives, des accidents vasculaires cérébraux,

… ainsi qu’une perte d’élasticité des molécules fibreuses comme le collagène et l’élastine (voir aussi Espérance de vie et rides. De simples propriétés mécaniques ?)

Les défensines sont des peptides amphiphiles
- comportant une importante zone hydrophobe
- à charges cationiques 

Ces propriétés permettent aux défensines de « percer » la membrane de (certaines) bactéries et/ou de désactiver les protéines.

Hydrophobe d’un côté et cationique de l’autre, les défensines sont proches des surfactifs cationiques (ammonium quaternaires) utilisés comme biocides, désinfectants, antiseptiques …

 par exemple :

- le Benzalkonium chloride (figure ci-contre),

 

- le Didecyldimethylammonium chloride

- le Chlorhexidine digluconate

Elles mêmes  (ou leurs équivalents biomimétiques) peuvent

- perforer les membranes lipidiques cellulaires (en haut sur la figure)

- dénaturer les glycoprotéines de l’enveloppe du virus (en bas)

L'un et/ou l'autre suffisent à détruire le virus

 

Voir  la revue :

Defensins in innate antiviral immunity

de Mary Klotman et Theresa Chang de la Division des maladies infectieuses de l’École de médecine du Mont Sinaï (New York), auxquelles j’ai emprunté la figure ci-dessus

De leur côté, David Gordon et son équipe internationale (dont des membres de l’Institut Pasteur de Paris)  ont observé dans une des protéines du SARS-CoV-2  une poche hydrophobe voisine de fonctions latérales anioniques.

(voir A SARS-CoV-2-Human Protein-Protein Interaction Map Reveals Drug Targets and Potential Drug-Repurposing.

Cette configuration pourrait être l’angle d’attaque d’une, ou plusieurs, défensines.

À la fois cationique et hydrophobe les défensines fonctionnent comme des surfactifs cationiques

      La partie hydrophobe de la défensine pourrait se fixer dans cette poche hydrophobe de la protéine du SARS-CoV-2  et, avec sa charge cationique, neutraliser les charges anioniques

_

_

Remarque :
Véhiculé par des nébulisats (postillons), le Coronavirus commence par se fixer dans l’arrière gorge   

Une protection serait-elle de sucer, si vous avez été dans un milieu « à risque », des pastilles contenant du Chlorhexidine digluconate ?  (notamment si vous ne portez pas de masque de protection)

Il suffirait de les suçoter juste assez pour provoquer une déglutition.

Comme il détruit les Coronavirus des mains, l’ammonium quaternaire, biomimétique avec les défensines, , détruirait-il les virus de la gorge ?

Par la déglutition, la plupart des éventuels « survivants » seraient détruits par l’estomac   

 

Plusieurs de ces pastilles sont proposées en pharmacie.

Voir, par exemple, les posologies et recommandations :

https://www.doctissimo.fr/medicament-DRILL.htm

https://www.doctissimo.fr/medicament-CANTALENE.htm

 

Selon Wolfgang Meyerhof, du Département de génétique moléculaire (Nuthetal, Allemagne) la chlorhexidine activerait le récepteur à l’amertume TAS2R14

     Ce qui laisse supposer qu’au moins une défensine le fait aussi !

L’activation par une défensine du récepteur à l’amertume TAS2R14 serait une amplification du nombre de Récepteurs à l’amertume entrant en action,
ou pour reprendre une image militaire, le TAS2R14 répondrait à un appel à des renforts envoyé par un messager, ici une défensine.

Or ce récepteur à l’amertume ferait partie des plus exprimés (au moins chez les Brocoli-Miam, ceux qui aiment les brocoli, à l'inverse des Brocoli-Beurk)

 

Ci-dessus : Schéma hypothétique de l'activation de TAS2R14 par une défensine détruisant des bactéries

 

Ci-contre : pour une destruction de virus après une activation de TAS2R14 

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Propriétés immunomodulatrices des défensines

Les défensines ne sont pas seulement des antimicrobiens, ou antiviraux.

Pour donner une image de tous les mécanismes biologiques dans lesquelles elles interviennent, Lu Wuyuanb de l’Université du Maryland (USA) les compare à un couteau suisse.

(analogie qui  pourrait aussi s'appliquer aux Récepteurs à l'amertume !)

Certaines défensines interagissent directement sur le système immunitaire, pour le … modérer, plus précisément pour limiter une inflammation. Les récepteurs de ces défensines modératrices sont des Toll-like receptors (TLRs), Voir § Macrophages. Effets anti-inflammatoires

Le tableau ci-dessous emprunté à Joost Oppenheim du Centre de Recherche sur le Cancer (Maryland, USA) nous donne quelques exemples d’effets des défensines sur les systèmes immunitaires acquis ou innés.

Dans l’intestin,  les défensines participent à la protection des cellules souches (stem cells). Qu’en est-il dans les voies aériennes ?

 

Les défensines sont exprimées à partir de la région du gène 8p23, région particulièrement « dynamique » et sujette à des recombinaisons (qui ont permis au cours de l’évolution de s’adapter à de nouveaux microbes)..

Les différentes défensines peuvent donc varier très sensiblement d’un individu à l’autre et donc d’agir différemment sur les microbes, et les virus

         Ce polymorphisme des défensines, multiplié avec celui des récepteurs à l’amertume pourraient représenter une part de la diversité des réactions individuelles au Covid-19

Chez l’homme, ont été répertoriées six sous-types d’α-défensines (HNP-1, etc.), et dix-sept sous-types de β-défensines (HBD-1, etc.)

La figure, empruntée à Laurence Jonard, donne le codage des β-défensines

 

      Des récepteurs à l’amertume peuvent être associés à une propriété généralement très recherchée dans le choix d’un partenaire reproductif (lien avec Île.01): la longévité.

    Considérant :

- que l’espérance de vie est fonction, pour environ 25% de facteurs familiaux et génétiques (25% seulement !)

- que les récepteurs de goût modulent les préférences alimentaires,

- qu’il existe un large les polymorphismes génétiques des récepteurs de goût (lien vers l’île.57)

 Danièle Campa, et ses collègues, du Groupe d’épidémiologie génomique (Heidelberg, Allemagne) et des universités de Calabre et de Pise (Italie), ont recherché les polymorphismes génétiques des récepteurs de goût qui pourraient moduler le processus de vieillissement (ou au moins d’espérance de vie !)

    Selon ces auteurs, cinq polymorphismes pourraient être associés à la longévité : trois dans TAS2R16, deux dans TAS2R5 et un dans TAS2R4. (ces résultats sont donnés avec l’excellente significativité de p < 0,001 )

 

L’amertume, au moins celle que nous apprécions par notre langue, serait-elle une indication de notre espérance de vie ?  Peut-être, mais elle montre surtout le grand polymorphisme des TAS2R !

 De même :

L’amertume, au moins celle que nous ressentons sur la langue, serait-elle une indication de notre faculté à résister au coronavirus et surtout à être réceptif à un traitement par la chloroquine + l’azithromycine et/ou d’autres substances amères ? 

Au sujet des boissons amères,

voir Schweppes-Miam,

 

et aussi Diversité des boissons amères

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